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Corrida : on ne saurait interdire le droit à l’idiotie…

 

Mon respecté collègue, Michel Cardoze, a récemment commis un papier, On a le droit d’aimer la corrida.Tout en l’assurant de mon amitié, je tenais à lui répondre.

corrida

Cher Michel,

Je me dois de porter à votre esprit inquiet quelque parole rassurante : bien sûr que l’on a le droit d’aimer la corrida ! L’on ne saurait en effet interdire aux gens le droit à l’idiotie, ni ses émanations les plus viles et dégoûtantes.

L’on est en droit, bien sûr, d’aller se masturber devant l’odieux spectacle de risibles hidalgos qui, parce qu’ils risquent leur vie devant tous, se sentent pousser des couilles immenses ! Ah, ces raclures qui confondent bravoure et barbarie, courage et inconscience ! Ah, ces petites gueules pleines de sang qui érigent leur dysfonctionnement en art, déblatérant sur les vertus supposées de la vicieuse corrida : purgation de la violence, représentation de l’homme et de l’animal, et autres fadaises destinées à justifier ces culs posés dans les gradins à mater la cruauté ! Faut-il que l’on se hâte d’aller tuer père et mère afin de prétendre symboliser l’envol de l’enfant qui s’affranchit de l’égide parentale ?

L’on est en droit, bien sûr, d’aller dénicher les prétextes les plus absurdes à l’insupportable souffrance. Soucieuse de ne pas verser dans la paraphrase, je citerai tel quel un extrait de La Mafia tauromaniaque, d’Alain Perret, détaillant parfaitement le supplice du taureau  :

« Yeux enduits de vaseline, injections en tous genres, pattes parfois aspergées d’essence de térébenthine, ce qui procure à l’animal des brûlures insupportables, pour qu’il s’agite et qu’il ait l’air d’un « fauve », aiguilles cassées dans les testicules, dans le but de l’empêcher de s’asseoir ou de s’affaler, coton enfoncé dans les narines et qui descend jusque dans la gorge, dans le but de rendre plus difficile la respiration, coups de pieds ou de planches sur l’échine et sur les reins (pour ne laisser aucune trace).

Les sabots sont parfois limés, voire incisés et on enfonce des coins de bois entre les onglons ; cette opération est faite pendant la contention dans la boîte à treuil (en même temps que l’afeitado).

Juste avant de rentrer dans l’arène, après l’avoir immobilisé, on lui laisse tomber plusieurs fois des sacs de sable de 100 kilos sur les reins. »

Votre vindicte s’abat aussi sur ce mouvement rabat-joie, anti-viande, anti-chasse et anti-alcool, qui, par ses contestations, menace votre bonne conscience. Car voilà à quoi se résume souvent le noble argumentaire des viandards et des promoteurs de la corrida : laissez-nous bouffer ! Laissez-nous boire ! Laissez-nous jouir !

Qu’avez-vous à brandir en étendard, à part votre sempiternelle tradition ? Quand cesserez-vous de convoquer, pour unique argumentaire, l’imaginaire facile du Français dont la table est couverte de vin et de gibier ? Parlez-moi plutôt de science, de morale et de nature, que je puisse rire un peu ! Votre article et l’écho favorable qu’il a reçu ne m’ayant arraché à présent que les larmes de la pauvre naïve qui ne peut pas croire ce qu’elle lit.

Altana
Otovic

Etudiante.

source Boulevard voltaire

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