Chaque année, lors de la période estivale, de nombreux spectacles médiévaux sont mis en scène à travers toute la France. Comme ceux du Puy du Fou, de Castillon-la-Bataille, ou encore Josselin et La Couvertoirade, allant de la bataille épique réunissant des centaines de figurants ou plus sobre jusqu’à la simple animation dans des petits villages de campagne. Nous avons rencontré Richard, médiéviste, forgeron et pratiquant des AMHE (Arts martiaux historiques européens).
.Comment vous est venue cette passion pour l’histoire ?
Je me suis intéressé très tôt à l’histoire et à la vie de nos ancêtres. Mes premiers souvenirs remontent alors que j’étais en primaire. J’ai tout d’abord été attiré par la Préhistoire, grâce à des livres reçus en cadeau et des visites en Dordogne. Parallèlement à cela, à la même période, mon frère et moi, lors d’un voyage en Espagne passant par Tolède, nous avions ramené des épées de décorations (mais malgré tout en fer) avec lesquelles nous avons par la suite beaucoup joué.
Puis, adolescent, mon intérêt porta sur les périodes du Bronze, de l’Antiquité et bien sûr de nos ancêtres les Gaulois. Là ou mes petits camarades passaient leurs heures de récréation à jouer au ballon, je les passais, moi, à la bibliothèque à photocopier des pages de livres d’histoire pour pouvoir constituer mes propres documents.
Ensuite, vous avez voulu « sortir » des livres pour passer à l’acte…
Effectivement. Quelques années plus tard, à 22 ans, est apparu en kiosque le magasine « Histoire Médiévale », aujourd’hui intitulé « Histoire et Images Médiévales », dans lequel il y avait des annonces de troupes de reconstitution cherchant à recruter et – ô bonheur – l’une d’elle se trouvait dans ma région. Je pris alors contact, et me lançai dans l’aventure. C’était le tout début du phénomène des fêtes médiévales qui se développaient en France. Nous faisions presque partie des précurseurs.
Dans les premiers temps, notre troupe était principalement un regroupement de copain, et n’avait pas de vu bien sérieuse au niveau historicité… Nos premiers costumes tenait plus du déguisement qu’autre chose… C’était aussi le temps de nos premières animations dans des fêtes à tendance historique… Et, suprême récompense, sur des parkings de supermarché !
Puis assez rapidement, le choix du sérieux fut pris, et nos costumes gagnèrent en qualité, notre reconnaissance dans le milieu se fit, ce qui nous permis d’animer des sites plus historiques et d’être même invités à l’étranger (Espagne, Allemagne, Italie, Danemark, et même… Paris). Nous ne nous contentions pas seulement des fêtes médiévales, nous réalisions aussi des animations dans les écoles.
Plus récemment, des tracas d’association, le temps passant et le manque de disponibilité nous ont obligés à faire des choix : moins d’animations mais dans des lieux de meilleure qualité (mottes et villages médiévaux reconstitués ou châteaux). Parallèlement, nous avons mis en place certains outils pour améliorer nos recherches et optimiser toujours d’avantage nos connaissances, mais le manque d’argent nous empêche parfois de les présenter dans nos costumes.
Avec le temps , vos connaissances augmentant , vos animations ont dû aussi évolué ?
Bien sûr, notre façon d’animer a évolué dans le temps. Au tout début, nous faisions des simples scénettes. Désormais, nous sommes plus dans des explications de nos costumes et des divers aspects de la vie quotidienne, militaire ou civile. Nous avons une approche plus pédagogique.
Vous avez aussi développé une compétence en coutellerie…
Effectivement, mes activités dans la reconstitution historique m’ont aussi amené à apprendre à forger. Là encore, les objets anciens et à travers eux, les vieux métiers, m’ont toujours fasciné et laissé nostalgique d’époques que je n’ai finalement pas connues. C’est donc en toute logique que lorsque l’occasion s’est présentée à moi, je m’y suis exercé. J’ai rencontré un forgeron qui animait dans un château en même temps que nous. En discutant avec lui, j’ai appris qu’il proposait des stages… J’ai suivi son enseignement, puis en autodidacte, j’ai complété celui-ci par des lectures sur la coutellerie. Je me suis alors équipé et exercé.
Depuis, je me renseigne sur toutes les formes d’armes mais aussi d’objets de la vie quotidienne qui ont été développés, pourquoi ils ont été fabriqués de cette manière et aussi leur “recette métallographique”. C’est, au-delà de l’exercice de forge en lui-même, tout un monde qui s’est ouvert à moi en passant par l’histoire, la science, l’art, l’artisanat, les diverses cultures…
Et vous avez la possibilité de forger sur demande ?
Oui, je réalise des pièces sur commande, ou je propose mes propre créations. C’est dans tous les cas des pièces uniques, dues à leur mode de fabrication. Il suffit pour cela de me contacter via mon site web : http://www.everyoneweb.fr/forgeetcoutellerierichard/
Vous animez aussi une association pratiquant les arts martiaux européens…
Parallèlement, je me suis intéressé aux Arts martiaux historiques européens (AMHE). Comme en Asie, nos ancêtres ont développé des arts martiaux : que ce soit à main nue ou armé. L’étude de ces gestes se développe d’ailleurs de plus en plus à travers la France et même toute l’Europe. Pour les périodes hautes, comme l’Antiquité, ces études se font par l’analyse des divers textes et iconographies… A partir de la fin du XIIIème siècle, nous possédons des manuels écrits ou supervisés par des maîtres de diverses époques.
Pour tous celle et ceux qui voudraient partager cette intérêt, voici la liste des clubs qui se sont constitués en France : http://www.amheonweb.net/site/association_list
Propos recueillis par Grégoire Vincent
Pour en savoir plus :
– Le site d’un photographe qui suit les meilleures troupes de reconstitutions (toutes périodes confondues) : http://www.pixures.be/en/reconsen.htm – en anglais
– Le calendrier des événements de reconstitution historique en France et à l’étranger pour cette année: http://www.adagionline.com/calendrier.asp
source-Novopressinfo