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Brie-Comte-Robert, son proviseur impitoyâ-âble…

Des parents sont furieux. Leurs bambins n’ont pas pu rentrer dans leur établissement en raison de leurs vêtements jugés peu appropriés pour l’école. Pour cette rentrée, le proviseur du lycée polyvalent Blaise-Pascal de Brie-Comte-Robert et celui du lycée professionnel Paul-Valéry de Menton ont décidé d’être intraitables et d’appliquer le règlement intérieur de leur établissement à la règle. Tenue correcte exigée.

Oui, mais c’est quoi, au fait, une tenue correcte ? La vérité est que l’on a perdu les codes et la notice. Et que chacun se bricole sa propre échelle de Richter de la décence. Sans doute le pantalon de sa fille était-il déchiré à « quelques endroits », témoigne cette mère de famille mécontente, ben et alors ?

A-t-on assez pesté autrefois contre ces vieilles filles collet monté qui, à l’entrée de leur classe, vous traitaient de gourgandine pour un bouton défait, et toutes ces règles tatillonnes qui donnaient souvent, aux ados d’avant 68, un air niais de grand échalas emprunté. Mais aussi maladroites, exagérées, ridicules, injustes qu’elles pouvaient être parfois, elles avaient une fonction, un sens, un objectif qu’à la laïque on appelle le respect et dans l’enseignement catho la charité.

Comme l’on peut écouter un cours affalé sur la table ou en se vernissant les ongles (vous savez comme les femmes sont douées pour faire deux choses à la fois), on peut fort bien réussir ses exercices d’algèbre en tongs et fagotée comme Lady Gaga, la bosse des maths ne se cachant pas dans les chaussures en cuir. Mais on ne le fait pas, par respect pour le prof (déjà assez déprimé comme ça), par respect pour soi-même (le « sal…pe » chuchoté dans le cou avec des rires gras par le voisin de derrière n’est pas nécessairement un compliment), et pour l’adulte que l’on sera, dans ces jolis atours, qui ne saurait trouver d’autre boulot que celui d’intermittent du spectacle. C’est sans doute ce que nos deux proviseurs n’ont pas manqué d’argumenter doctement… Comme l’on pisse dans un violon.

Car charité bien ordonnée commençant par soi-même, comment peuvent-ils expliquer que leurs propres enseignants, ou en tout cas ceux de la majorité des établissements – soucieux de ne pas paraître coincés, endimanchés, embourgeoisés –, cultivent une tête de Bertrand Cantat, aussi froissés, dépenaillés et mal rasés que s’ils étaient encore militants à L’UNEF de Nanterre ?

Dans un monde de dérégulation générale, jusque dans la garde-robe, à chacun sa vérité et « sa tenue correcte ». Une alternative à l’insoluble relativisme vestimentaire pourrait-être l’implacable absolutisme de l’uniforme. Avec son juste corollaire, le retour de la blouse pour les profs.

 

Gabrielle
Cluzel
Ecrivain, journaliste.

Source -Boulevard Voltaire

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