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ANGLE MORT De INGRID ASTIER

Dès le préambule, l’auteur donne le ton avec une citation de Guy Debord à propos des armes. Pour bien situer son histoire, elle fournit une carte d’Aubervilliers et une autre du circuit que fait la Seine à Paris. En quatrième de couverture, l’éditeur nous apprend qu’Ingrid Astier ne fait pas qu’écrire mais peut s’enorgueillir d’être marraine de la brigade fluviale.

Comme elle dédit son livre aussi à un ami en récidive, le lecteur se sent rassuré sur sa connaissance des deux mondes, à savoir celui de la police et celui de la délinquance. Le roman démarre tambour battant avec Diego qui annonce fièrement avoir touché aux armes et aux femmes. A 13 ans, il débute avec un Colt Détective Spécial à 6 coups et entame sa vie sexuelle avec une Allemande blonde, d’un an son ainée.

Le lecteur découvrira plus loin que ses parents n’étaient pas exactement des citoyens au-dessus de tout soupçon. Au fil des pages, l’histoire prend de l’ampleur et surtout ce qui frappe, c’est la précision avec laquelle sont décrite les armes, les voitures et les motos. Il ne manque pour ces dernières que le nombre de tours minute et la conso mixte. Diego a un frère voyou que lui, Archibaldo, et une petite sœur qui sait aussi se servir d’un revolver mais exerce le métier de trapéziste et adore la Tour Eiffel. D’un côté le comico (commissariat) et la brigade qui doivent se contenter d’une Ford Fiesta alors qu’ils rêvent d’une 407 ou d’une Subaru et les braqueurs meurtriers qui roulent en Suzuki GRXR 1000 cm³ ou Lamborghini Gallardo IP 560.

Pour les casses tranquilles, ils volent les petites béhèmes série 1. Flicaille et racaille se promènent ainsi entre Aubervilliers et Paris et l’auteur nous gratifie de moult remarques comme la boutique où l’on se fait faire des chemises sur mesure ou la place Skanderberg qui doit son nom à un guerrier albanais et qui sert de centrifugeuse à automobiles. Ce roman fourmille de détails et tend vers le travail de bénédictin car le lecteur se trouve devant une vraie mine au niveau du langage et du plan d’occupation des sols. Astrid Astier rend aussi un vibrant hommage à la brigade fluviale qu’elle vénère A la fin du livre, la morale finit par l’emporter mais le lecteur gardera une certaine empathie pour Diego et sa petite sœur qu’il adore.

 

Un polar fleuve et une ode à la Seine ****

 

518 pages, Gallimard série noire, 19,90 €

 

Dominique LE FUR

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