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À Paris aussi, les rois de la drogue font la circulation


 

Les caïds, braqueurs et autres dealers marseillais font chaque semaine l’actualité. Cela évite de parler des sujets qui fâchent. Par exemple des caïds, braqueurs et dealers parisiens qui pourrissent, eux aussi, la vie de leurs concitoyens.

 

 

Il ne faut pas effrayer le touriste en goguette dans la capitale, alors c’est silence chez Delanoë comme sur les ondes. Tout juste braque-t-on de temps en temps les caméras sur les gangs de détrousseurs roumains qui sévissent dans le métro comme autour des monuments et des grands magasins de la capitale. Difficile de faire l’impasse là-dessus dans la mesure où la mise en garde figure dans tous les guides touristiques de la planète. La racaille est d’autant plus tranquille pour faire son business dans les arrondissements périphériques. Ceux où l’on ne croise jamais un flic, même si on l’appelle.

Dans mon XIXe arrondissement boboïsé, des jeunes vieux – ils ont maintenant la trentaine – tiennent le mur de l’immeuble et le marché de la came depuis l’enfance. Ils font la loi, la leur bien sûr, et maintenant aussi la circulation : interdiction à quiconque de se garer là où viennent de temps à autre s’installer leurs potes en décapotable, sono à fond dans la bagnole. Les rares places de livraison leurs sont réservées à vie. Un coursier qui prétendait l’autre jour déposer un courrier à l’antenne d’un Hôpital située là s’est vu interdire de stationnement sous peine de cassage de gueule. Les jeunes vieux sont propriétaires de la rue qu’ils occupent de 3 heures de l’après-midi à 3 heures du matin, 365 jours par an. Bientôt, je pense, ils mettront un péage au carrefour.

On peut imaginer que l’exemple leur vient de haut. Ainsi samedi matin dernier, 14 septembre, un vacarme infernal a perturbé pendant un bon moment une partie du XIVe arrondissement cette fois. Un cortège de dizaines de voitures vrombissantes et klaxonnantes, toutes plus luxueuses les unes que les autres – Porsche, Ferrari, décapotables en tous genres… – ont traversé le quartier en rugissant. Un crétin en Cooper décapotable a même grillé son moteur. Des jeunes et des moins jeunes, Noirs, et un « service d’ordre » de gros bras tchétchènes ou albanais s’arrêtant dans les carrefours, un colosse assis en travers de la portière (peut-être la kalachnikov sur les genoux ?), bloquant avec sa grosse cylindrée toute la circulation. Sans doute le mariage d’un roi de la drogue.

Pas un flic, là non plus. À croire qu’il n’y a ni commissariats ni patrouilles entre la rue d’Alésia et Montparnasse. Peut-être les flics parisiens sont-ils tous sourds et aveugles ? Ou peut-être étaient-ils tous mobilisés pour surveiller les grands-mères qui passent à l’orange et les badauds en visite du patrimoine à l’Elysée et chez le Premier ministre ?

Monsieur Valls peut bien se noircir les sourcils au cirage, la racaille rigole : « Mêm’ pas peur ! »

Marie
Delarue

Ecrivain, musicienne, plasticienne.

source-Boulevard Voltaire

 

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