Les talents du verre suédois
L’Institut suédois accueille du 3 au 21 septembre, l’exposition Blazing Grace, qui met à l’honneur 5 des verriers suédois les plus talentueux, qui participent au renouveau du style. Ils sont aussi les symboles de l’évolution de ce secteur et de la façon dont celui-ci s’est transformé en Suède, loin des obligations de productivité.
Un peu d’histoire
Le 20e siècle marque l’âge d’or du style et du design suédois. Dans les années 1910, l’association suédoise de l’artisanat (Svensk Slöjdförening) lance le concept de « beaux objets du quotidien » (vackrare vardagsvara), qui a caractérisé le design suédois pendant longtemps. Cette vision de la « beauté pour tous » et de la « beauté au quotidien » a contribué à façonner l’image du peuple suédois. Il s’agissait d’embellir le foyer par un design fonctionnel et épuré, à prix abordable. Cette esthétique quotidienne devait éduquer la population aux valeurs artistiques et favoriser une élévation intellectuelle par les sens.
À travers une série d’expositions nationales et internationales, le concept de beaux objets pour le quotidien se développe, menant à une percée internationale de l’artisanat et de l’art industriel suédois lors de l’exposition universelle de Paris en 1925. Pour l’industrie verrière suédoise, ce succès entraîne une hausse des exportations et une renommée internationale de bon goût, d’élégance et de qualité. Ce style est baptisé Swedish Grace.
Vers un nouvel écosystème
La Suède possède une longue et fière tradition de production verrière. La première verrerie a été fondée au milieu du 17e siècle, et la verrerie de Kosta, toujours en activité, a été établie dès 1742. C’est principalement dans la région sud-est du Småland, au sud de la Suède, que cette industrie a été forte, grâce à l’abondance de forêts nécessaires pour alimenter les fours, bien avant l’arrivée du gaz et de l’électricité.
Au fil des siècles, le Småland a gagné l’appellation de « royaume du verre » (Glasriket). Mais de grands bouleversements ont marqué ces quinze dernières années. La production s’est délocalisée dans des pays à bas salaires. Plusieurs des verreries les plus renommées ont fermé, comme Åfors et Orrefors en 2013.
Dans le sillage de cette industrie vacillante, un nouvel écosystème a émergé. De petites verreries indépendantes, bien équipées, adaptées à la production artistique ainsi qu’à de petites séries de design, se sont établies. Les artistes peuvent y louer un atelier pour produire leurs propres œuvres, assisté·es par un personnel qualifié. Ce processus de démocratisation et cette accessibilité accrue ont fondamentalement transformé le domaine verrier suédois.
Hors des attentes industrielles de productivité, les expressions se déploient sans entrave. Le verre devient un moyen d’explorer, de discuter et de décrire le monde.
- Du mardi au dimanche, de 12h à 19h. Nocturne le jeudi à 21h.
- 11 rue Payenne, 3e.
- Gratuit.
Photo & Maria Bang Espersen. Photo Maria Bang Espersen