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Dakar 2025 : Quintero, Variawa roulez jeunesse !

QUINTERO, VARIAWA : ROULEZ JEUNESSE !

L’ŒIL DANS L’OBJECTIF :

En prenant la direction sud au départ de Bisha, l’altimètre grimpe légèrement pour flirter avec les 1300 mètres. Pas de quoi manquer d’oxygène, mais le paysage se transforme légèrement tout de même. À la mi-parcours, il s’agissait surtout de se repérer entre les canyons à explorer et les montées sur des hauts-plateaux mi-sablonneux, mi-pierreux ! Sur une belle distance de 412 km où il a fallu garder sa concentration et jouer dans la poussière, le solide Australien Daniel Sanders s’est à nouveau imposé. Les buissons ont encore joué des tours à certains, mais absolument pas à Seth Quintero, vainqueur en autos à 22 ans, une performance historique. La stratégie des autres favoris a consisté à soigner leur position de départ pour le défi de la 48h chrono.

L’ESSENTIEL :

  • Daniel « Chucky » Sanders rejoue le début de son Dakar 2022, lorsqu’il s’était imposé sur les deux premiers jours. L’Australien a même éloigné la concurrence, son premier poursuivant du jour étant Ricky Brabec, qui a déjà lâché plus de deux minutes. Et le Top 10 est déjà éparpillé sur 25 minutes !
  • Ross Branch reste dans le sillage du duo de tête, 3e de l’étape comme du général, mais a appris une mauvaise nouvelle à l’arrivée : son coéquipier chez Hero Sebastian Buhler a quitté la course sur une blessure à l’épaule après une chute au km 68.
  • Il avait habitué son public à des coups d’éclat, mais Seth Quintero a cette fois-ci ménagé son suspense bien involontairement. L’Américain, a remporté 20 spéciales dans sa carrière en Challenger, les six premières tout juste âgé de 18 ans lors de l’édition 2021. À l’arrivée au cœur du bivouac de Bisha, il a coupé la ligne avec le deuxième temps derrière Guerlain Chicherit. Mais les commissaires de course lui ont rendu les 95 secondes que lui ont coûté son arrêt auprès du véhicule accidenté de Laia Sanz, et qui lui valent maintenant de rentrer dans l’histoire. Personne n’a en effet souvenir d’un vainqueur d’étape de 22 ans dans la catégorie reine. Du haut de ses 46 ans, Guerlain Chicherit fait figure de papa entouré de deux bambins sur le podium du jour. Le Sud-Africain Saood Variawa, 19 ans, signe le 3e temps à 1’45’’ de son coéquipier américain chez Toyota.
  • Les écarts semblent impressionnants pour les autres favoris du Dakar, presque tous distancés au- delà de la 20e position et à plus de dix minutes. Ils ont en réalité calculé leur coup, roulant en retrait pour se ménager une position de départ éloignée pour la 48h chrono. Seul Carlos Sainz n’a pas su retenir sa vitesse, son résultat le placera huitième demain matin… une véritable proie pour Al Attiyah (21e), Al Rajhi (22e) et Loeb (25e).
  • Nicolas Cavigliasso et son épouse Valentina Pertegarini s’imposent sur la première étape devant Gonçalo Guerreiro qui échoue à 4’’, après avoir déjà terminé deuxième du prologue derrière son coéquipier chez Red Bull Off-Road Junior Corbin Leaverton.
  • Les Polaris sont en forme, puisqu’après Brock Heger sur le prologue, c’est Xavier de Soultrait qui signe le meilleur temps de la première étape. Et avec la manière : « Chaleco » Lopez est non seulement contraint de se contenter du deuxième temps, mais accuse déjà un retard de 7’35’’.
  • Mitchel van den Brink démarre en fanfare le Dakar 2025. Ales Loprais et Martin Macik, ses deux rivaux annoncés, accusent respectivement après la première étape un retard de 1’40’’ et de 2’29’’.LA PERF’ DU JOUR :
    Daniel Sanders a certainement appris à ne plus s’emballer. Il y a trois ans, le doublé qu’il avait signé de la même façon en début de Dakar avait fait sensation, mais l’Australien avait abandonné sur une chute en liaison après la journée de repos. Depuis, « Chucky » a nettement gagné en expérience et l’a notamment montré en s’imposant sur le récent Rallye du Maroc. Après avoir habilement slalomé entre les buissons, le porteur du numéro 4 faisait partie des rares à présenter une combinaison intacte à l’arrivée. Au cumul du prologue et de la première étape, le pilote KTM dispose d’une avance de 2’22’’ sur Ricky Brabec. Surtout, contrairement au règlement FIA qui a incité les favoris à lever le pied, les dispositions pour la 48h chrono prévoient que les pilotes de Rally GP s’élanceront dans l’ordre inverse de leur classement du jour. La meilleure place, c’était bien la première. Et le bénéfice est peut-être encore à venir.

LE COUP DUR DU JOUR :
Ce n’était pas le début de Dakar qu’avait espéré Rokas Baciuska. Tout semblait pourtant bien engagé après le prologue, bouclé en 4e position par le Lituanien qui se présentait pour la première fois dans un Toyota Hilux sur l’épreuve. Ses trois expériences précédentes en SSV et en Challenger, toutes conclues sur le podium, et plus encore ses trois couronnes consécutives en W2RC, laissaient envisager le meilleur au jeune homme à lunettes pour son baptême de l’Ultimate. Mais la situation s’est très nettement compliquée au kilomètre 310 de la spéciale du jour, le terrain l’a piégé et le garçon s’est retrouvé bloqué avec une roue arrière gauche arrachée, et une séance de mécanique qui va l’obliger à réviser nettement à la baisse ses ambitions. Avec 2h20’ de retard sur Seth Quintero à l’arrivée à Bisha, celui que la nation lituanienne surnomme « Harry Potter » a désormais un plan qui n’est pas sorcier : continuer de tenir tête aux maîtres de la catégorie comme hier et pourquoi pas donner un coup de baguette magique d’ici Shubaytah.

LA STAT’ DU JOUR : 4

Le Dakar est une histoire de famille et de passion transmise de génération en génération. Chez les camions, il existe des lignées de pilotes qui se partagent le tableau des victoires. On peut citer les Loprais, les De Rooy ou encore les Mardeev. Il y a aussi les Van den Brink. Martin est l’un des piliers de la catégorie depuis 17 ans en incluant 2025. Fils de Martin, Mitchel a disputé son premier Dakar en tant que copilote de son père en 2019 à l’occasion de l’ultime édition en Amérique latine à l’âge de 16 ans. De là, il a dû attendre de souffler ses 18 bougies pour se mettre à son tour derrière un volant. Classé 19e en 2021, il a fait mieux en 2022 en terminant 10e. En 2023, il a obtenu la consécration en devenant le plus jeune à s’imposer sur une étape dans la catégorie à 20 ans. Puis il s’est hissé sur la troisième marche du podium final en 2024, avec une spéciale de plus au compteur. Pour ce 47e Dakar, le Néerlandais a d’ores et déjà doublé son palmarès en gagnant à la fois le prologue et l’étape 1. Avec désormais 4 victoires à son tableau de chasse, il surpasse son père qui totalise 3 succès. Quand l’élève surpasse le maître !

LA RÉACTION DU JOUR :
Guerlain Chicherit : « Dommage que ça n’ait pas marché à 100 % » « Mon pari c’était de dire : tous les top guns vont faire la même stratégie. Est-ce que l’on se met dans le même wagon qu’eux pour se retrouver avec les mêmes armes ? Ou est-ce que l’on fait une stratégie complètement opposée ? C’est ce que l’on a fait. C’est dommage que ça n’ait pas marchée à 100 %. Gagner demain, c’est quasiment impossible. Ce qu’il faut c’est qu’ils ne me prennent pas plus de 15 minutes, car même dans ce cas, je me retrouverai à 5 minutes d’eux. »

SUR UN AIR DE CLASSIC :

Le Classic avait débuté hier de manière peu conventionnelle ! Deux favoris avaient changé de catégorie en catimini afin d’échapper à la confrontation directe avec leurs adversaires désignés. Une manœuvre dont Juan Morera devait être le dindon de la farce. Mais le vainqueur 2023 a résisté à la pression et hissé sa Porsche 959 DKR au premier rang du général… avant d’imiter ses adversaires en optant sagement lui aussi pour la catégorie H1, comme le règlement l’y autorise jusqu’au soir du prologue. Le stratège Carlos Santaolalla et Juan Morera se sont donc retrouvés face à face aujourd’hui et le duel a cette fois tourné à l’avantage du tenant du titre. Mais la Porsche réplica René Metge qui revient pour prendre sa revanche sur la jeunesse de fabrication 2024 semble prête à affronter le « 80 ». 7 points seulement séparent aujourd’hui les deux derniers vainqueurs du Dakar Classic. La partie de poker estfinie, place au bras de fer en piste !

WORLD RALLY-RAID CHAMPIONSHIP: SEAIDAN NE LACHERA PAS
Yasir Seaidan fait ses débuts en Challenger sur le Dakar après avoir triomphé sur le W2RC 2024 en catégorie SSV. Un titre acquis dans l’adversité. Celle de ses rivaux en piste, mais aussi celle venue de son propre camp, son véhicule à deux reprises sur cinq manches. Contraint à se retirer d’une étape au Portugal, le Saoudien avait dû faire un trait sur ses espoirs de reconquête lors de la manche suivante en Argentine. Dès la première étape, son turbo avait rendu l’âme à Cordoba. Arrivé au Maroc avec une avance qui avait ainsi fondu comme neige au soleil, il s’était finalement imposé sur le fil avec 2 points d’avance sur Nicolas Cavigliasso ! Vainqueur du jour en Challenger, son adversaire d’hier semble bien parti de son côté pour prendre sa revanche. En changeant de véhicule pour 2025, Yasir dont le défi est d’imiter Rokas Baciuska en doublant son titre SSV par une couronne Challenger, pensait en avoir fini avec ses démons d’hier : mais un problème de direction l’a pourtant poussé à rentrer par la route après une tentative infructueuse de réparation. Ses espoirs de victoire sur le Dakar s’envolent. « Jamais deux sans trois » commentait au bivouac son copilote Mickael Metge, fataliste. Mais 2024 l’a prouvé : la mécanique n’a pas le dernier mot avec le duo franco-saoudien.

SAUDI NEXT GEN:

Avec la quatrième journée du programme Saudi Next Gen, le niveau de jeu monte en même temps que le suspense. Les cinq équipages ont poursuivi leur apprentissage sur un parcours de 93 kilomètres, nettement plus roulant que la veille mais aussi comportant des passages caillouteux où l’expérience du pilotage paye. Si Edouardo Mossi a maintenant clairement identifié les atouts et les limites de chacun de ses stagiaires du désert, il reste dans l’incertitude quant à l’identité de l’équipage qu’il désignera pour remporter la compétition. « J’ai pu par exemple les placer dans des situations pour apprécier leur sens de la stratégie, c’était intéressant. En termes de vitesse, il est certain que nos deux pilotes féminines, Fatma Banaz et Merehin Albaz, qui ont moins l’habitude de la compétition, évoluent un cran en- dessous. Mais leur potentiel de progression est bien plus élevé que pour les autres ». Tous les espoirs sont donc permis… pour tous et toutes !

Photos© A.S.O./ Julien Delfosse / DPPI

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