Carlos Ghosn, Président Directeur du Groupe Renault vient de lever le voile sur Alpine Vision, le tout dernier show car de la marque au A fléché. Entre élégance, agilité et authenticité, ce coupé deux places à moteur arrière est un concentré d’Alpine. Peu nombreux sont ceux qui ont eu l’opportunité de découvrir ce tout dernier modèle sur les routes du rallye de Monte Carlo et les lacets du col de Turini, théâtre de ses plus beaux exploits sportifs.
La renaissance d’un constructeur automobile, ça fait chaud au cœur.
Dès l’an prochain, Alpine va en effet renaître officiellement et proposer dans un premier temps une berlinette « pur jus » mêlant l’exaltation à la légèreté tout en n’oubliant pas son ADN, le plaisir de conduire.
Elle pourrait s’appeler A 120 mais aujourd’hui, le prototype porte simplement le nom de Vision, préfigurant à 80 % ce que sera la future voiture de sport-premium qui annuellement représente un marché de quelque 200.000 unités à travers le monde.
Quel destin que celui d’Alpine !
Initiée par un garagiste dieppois du nom de Jean Rédélé, concessionnaire Renault qui avait tout d’abord « gonflé » une Renault 4 CV pour ensuite développer en 1955 à une certaine A 106 « Mille Miles » de 38 chevaux, cette « petite » marque normande ne va pas s’arrêter de grandir mais toujours avec des éléments Renault afin selon son créateur que l’entretien demeure « facile et abordable ».
Au fil des ans, la gamme va s’étoffer, les résultats sur circuit mais également en rallyes vont donner un sérieux coup d’accélérateur à la diffusion de cette marque dont l’assemblage est désormais assuré dans une toute nouvelle usine implantée à Dieppe.
Ce sera l’époque bénie des A 110 1300 et 1600 mais les problèmes financiers vont commencer à s’accumuler alors qu’en 1971, la nouvelle A 310 est dévoilée à Genève.
Deux ans plus tard, Renault rachète 70 % de l’entreprise de Jean Rédélé pour 7 millions de nouveaux francs, la messe est dite…, car malgré d’innombrables succès comme les 24 Heures du Mans en 1978 et le lancement de modèles GT comme la GTA V6 turbo de 200 chevaux en 1985 et de l’A610 turbo de 250 chevaux en 1991, la marque Alpine est moribonde, seulement 30.000 voitures produites en l’espace de 40 ans…, Jean Rédélé ne s’en remettra jamais, il s’éteint en août 2007 à l’âge de 85 ans, rien ne le guérira d’avoir dû céder son enfant au groupe Renault.
Chaque fois, cela m’a valu une fameuse volée de bois vert avec des réponses qui ne tenaient vraiment pas la route, comme : « Plus personne ne connaît aujourd’hui Alpine », « Les jeunes confondent cette marque avec un producteur d’auto radio »… et bien d’autres idioties du même genre !
Personne au sein de Renault ne se souciait du capital de sympathie que pouvait encore représenter cette marque ni surtout de son potentiel auprès de passionnés…, je m’étais résigné mais secrètement, je rêvais d’un retour en grâce.
Carlos Tavares va dès lors le porter à bout de bras pour le compte du constructeur au losange et après quelques apparitions furtives d’une show car à Monaco mais également au Mans, la décision est enfin prise : Alpine va renaître de ses cendres au début 2017.
Mais ce sera sans Carlos Tavares désormais aux commandes du groupe PSA, Peugeot Citroën.
Carlos Ghosn va dès lors réorganiser toute la structure d’Alpine et mettre à sa tête des passionnés comme Michael van der Sande, Directeur Général…, Bernard Ollivier, directeur Général adjoint… et Antony Villain, directeur du design.
Aujourd’hui à Monaco mais également sur les pentes du col du Turini, c’était donc le grand jour…
On a pu découvrir une Alpine Vision non pas de couleur bleue mais blanche qui à 80 % affiche les codes de la future berlinette qui dès le début 2017 sera assemblée à Dieppe dans l’usine historique d’Alpine.
Cette Vision s’inspire fortement du prototype Célébration que l’on a pu apercevoir au Mans ou dans l’une ou l’autre réunion prestigieuse.
Jean Rédélé peut dormir en paix, il aurait certainement apprécié ce mélange de mtériaux « high tech » comme le cuir, les microfibres, l’aluminium ainsi que le carbone à l’intérieur d’un habitacle avant tout orienté vers le sport avec ses sièges baquets très moulants…, on se retrouve en terrain connu.
On sait cependant que le moteur central arrière sera un quatre cylindres 1800 turbo livrant entre 250 et 300 chevaux, entraînant bien évidemment les roues postérieures via une boîte robotisée double embrayage à 7 rapports dont on distingue les larges palettes derrière le volant.Selon les sources, cette berlinette très compacte deux places dont le poids ne devrait pas excéder les 1100 kg serait très performante, de 0 100 km/h en 4,5 secondes, ça promet pas mal de sensations.
En termes de production, cette version dont le prix ne devrait pas excéder 50.000 € pourrait être produite à près de 2.000 unités par an, un objectif tout à fait jouable, ce modèle entrant en concurrence directe avec l’Alfa 4C de 240 chevaux, la Lotus Exige de 350 chevaux ou la future Porsche 718 Cayman de 300/350 chevaux, des versions nettement plus chères.Mais chez Renault, on se rend bien compte que cette nouvelle berlinette venant redorer le blason Alpine ne sera pas tellement rentable…
Et les dirigeants du groupe de se pencher sur une future gamme qui pourrait donner naissance à un SUV compact avec un ADN sportif, du genre Porsche Macan…, un segment en pleine expansion.
On en saura sans doute un peu plus à l’occasion du salon de Paris à l’automne prochain où cette nouvelle Alpine devrait être présentée en grandes pompes, mais cette fois en version définitive.
Bravo en tous cas à Renault d’avoir ressuscité cette marque ô combien mythique, David peut à nouveau s’attaquer à Goliath…
Marcel PIROTTE