Bernard Stora, ancien assistant du réalisateur Jean-Pierre Melville, publie ses souvenirs du tournage du Cercle rouge.
Les plus ritualisés sont les artistes les plus fous. Conscients que la passion peut les entraîner dans des gouffres, ils imaginent des règles délirantes qu’ils s’imposent à eux-mêmes, avant d’en soumettre le diktat à ceux qui travaillent sous leurs ordres. Au mépris de toute logique, au lieu de se révolter, ces derniers suivent les consignes sans rechigner, bien qu’ils en rient sous cape. Ils ne sont pas masochistes, mais ils devinent que le dingue qui les dirige est un créateur au-dessus de toute norme.
On peut s’en offusquer, déclarer même à juste titre « c’était une autre époque, aujourd’hui, cela ne se passerait plus comme ça », mais pourtant, oui, cela fonctionne. À partir des feuilles de service du tournage du Cercle rouge, immense succès de l’année 1970, dont les vedettes étaient Bourvil – formidable dans un contre-emploi – Alain Delon, Yves Montand, Gian Maria Volonté, Bernard Stora construit le plus bel hommage à celui dont il fut le premier assistant : Jean-Pierre Melville.
Bernard Stora, Dans Le Cercle rouge, Denoël, 2025, 432 p., 26 €.
