Souffrance et sacrifice.
1914-1918 : la Première Guerre mondiale… L’assassinat de l’archiduc austro-hongrois François-Ferdinand en juin 1914, la crise de juillet, les systèmes d’alliances (Alliance contre Entente), les tranchées, la première utilisation d’armes chimiques…
Sur le plan humain, la Première Guerre mondiale fera près de 40 millions de victimes : 19 millions de morts et 21 millions de blessés (dont des millions d’invalides). Outre trois millions de veuves et cinq millions d’orphelins, la France comptera 27 % de morts chez les hommes de 18-27 ans, l’un des taux les plus élevés parmi les belligérants… La France ne se remettra jamais vraiment de cette atroce hémorragie, de la perte des meilleurs de ses fils et l’Europe commencera également son lent déclin, programmé, sur la scène internationale.
Les mutineries de 1917 sont régulièrement évoquées, souvent d’ailleurs avec un objectif polémique et partisan assez indigne. Sont alors relevés les 554 condamnations à mort prononcées ou même parfois le rôle déterminant du général Pétain pour calmer la situation.
En revanche, on évoque très peu un autre épisode du premier conflit mondial : celui de soldats fusillés pour l’exemple, entre 1914 et 1916. Ou comment des officiers ont pu trier, sélectionner, tirer au sort des noms de soldats à passer par les armes au nom de l’exemplarité… Curieuse conception judiciaire, puisque l’exécution pour l’exemple n’a jamais été inscrite dans le droit. Les préoccupations essentielles de l’armée en campagne étaient la contribution des hommes à leur poste (punition en cas d’abandon de poste, de désertion, de mutilation volontaire), la sauvegarde de l’autorité des officiers (punition des outrages, voies de fait et refus d’obéissance) et le maintien de la cohésion des unités.
Si ces préoccupations étaient parfaitement légitimes, un corpus législatif inadapté et passablement compliqué, combiné au zèle de badernes galonnées, conduisirent inévitablement à fabriquer des coupables sur mesure, dont certains furent victimes d’une mort ritualisée…
L’exposé richement documenté de Mino Faïta lève le voile sur un épisode tragique de l’histoire de la Grande Guerre. Il concentre son analyse sur l’exemple d’une patrie charnelle qu’il connait bien, celle de la Savoie et des troupes alpines. Faïta forge son étude à partir de plusieurs dossiers édifiants, souvent poignants, comme par exemple celui de François Waterlot, réserviste du Valenciennois, condamné à mort pour s’être… égaré, passé par les armes… et feignant la mort ! Waterlot retournera à son régiment et c’est en combattant qu’il rencontrera la mort, le 10 juin 1915, dans la Somme.
A une époque où il est de bon ton de dégainer le « devoir de mémoire » en toutes circonstances, n’oublions jamais le sacrifice de tous ces jeunes Français, dont la vie n’aura guère excédé 20 ans.
Un livre en forme d’hommage émouvant aux plus injustement oubliés d’entre eux.
Arnaud Robert.
Titre : Les fusillés innocents durant la Grande Guerre
Auteur : Mino Faïta Editeur : Éditions de l’Astronome Date de parution : 22 novembre 2013 ISBN : 978-2-916147-82-6 Image à la une
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« Pendant ce temps-là, Brindavoine déprime dans sa tranchée…Tardi
Format : 16 x 21 cm (dos carré, cousu, collé)
Nombre de pages : 152
Illustrations : cahier de 8 pages d’illustrations
Prix : 16 €