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On a le droit d’aimer la corrida !

Mobilisation spectaculaire des « anti-corrida » à Alès le week-end dernier. On suppose que les mêmes « radicalement anti-corrida » (je note le « radicalement ») vont tenter de troubler les « ferias taurines » de Nîmes et de Vic-Fezensac ce week-end de la Pentecôte

Pas question d’entrer ici dans le débat sur la « torture » que subiraient les animaux sur le sable des arènes (argument des « anti ») ou dans la valorisation au contraire des qualités du « toro bravo », taureau de combat, dont la race disparaîtrait sans les élevages destinés à la tauromachie (argument des amateurs de corrida, dits « aficionados »).

cc - Rufino Lasaosa - flickr

Mais plutôt — c’est un « aficionado » qui s’exprime sans aucune « radicalité » et sans désir de convaincre qui que ce soit — le désir de comprendre pourquoi, depuis quelques années, en Catalogne (et parfois dans le reste de l’Espagne) ou en France, le ton est monté contre la tradition taurine.

Je me permets de relier ce regain de violence verbale insistante au vaste et composite courant d’opinion européen hostile à la consommation de viande, et à d’autres pratiques comme la chasse, à la glorification bêtasse de l’alimentation exclusivement végétale, au terrorisme anti-vin.

Si ce courant, puissamment nourri, si je puis dire, par l’Europe du Nord, « ultra-verte » (voire avec des « radicaux » du type « khmers verts »), propre sur elle, non pas anti-alcoolique mais anti-vin et anti-alcool tout court, une Europe qui rêve, sans le dire tout haut, de devenir un peu mormone (mais éventuellement avec cannabis, hein !), si ce courant parvenait à dominer l’opinion publique, chevreuils et sangliers pulluleraient, cela va de soi, mais surtout la vie deviendrait triste à pleurer, en uniforme, en rang par cent mille sur des pelouses herbacées, écoutant de la musique planante.

Personne n’est obligé d’aimer les toreros et leurs adversaires promis au combat et à la mort noble ou ratée, personne n’est obligé d’aimer le jouisseur Mozart plutôt que Philip Glass (qui a du charme par ailleurs), personne n’est obligé d’aimer la côte de bœuf ou les vapeurs de courgettes.

Le plaisir de vivre ensemble passe par la diversité la plus extrême et le droit éventuel de se détester.

Rendez-vous, pour ceux qui aiment, à Nîmes et à Vic-Fezensac.

Michel
Cardoze
Auteur, journaliste.
De l’Humanité à la Météo et Sud Radio via TMC, a connu un parcours contrasté qui passe aussi par des essais sur Jeanne d’Arc et ses procès, Georges Bizet, Cyrano de Bergerac (le vrai), la Gascogne et le fleuve Adour. Il collabore actuellement à France Bleu Bordeaux-Gironde.

Source-Boulevard Voltaire

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