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Tribune Libre : Crise des Taxis Pourquoi?

Quel est le lien entre Mitterrand, Canal +, le ministère de l’intérieur et la crise des taxis ?

Flash-back : quand, en 1981, André Rousselet devient directeur de cabinet du président François Mitterrand, il possède déjà la compagnie G7, développée à partir d’une filiale déficitaire de 150 taxis, reprise en 1960 à Simca. Financier habile et charismatique, redoutable négociateur, Rousselet père redresse l’activité et rachète les parts de ses associés. Il devient seul maître à bord d’une affaire qui, dès 1982, aligne 2.000 voitures.

En 1984, il part se consacrer à son autre bébé, Canal+, et délègue pendant dix ans l’opérationnel à un directeur général, Jean-Jacques Augier, à qui il demande aussi de « coacher » son fils, qui prend la succession en 1997. Aujourd’hui Nicolas est seul aux commandes d’un groupe familial, possédé à parts égales par André, 92 ans, et ses trois enfants. Leur fortune est évaluée à 200 millions d’euros, ce qui en fait la 273e fortune française, selon le classement « Challenges ».(…) L’acquisition en catimini des Taxis bleus illustre le pouvoir d’influence pérenne de cette famille sur les administrations et les politiques de gauche ou de droite. Nicolas Rousselet se récrie :

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André Rousselet, fondateur de G7 (photographié en 2004). (Stevens Frederic/SIPA)

 

 

C’est que G7 dispose d’autres moyens. Comme la colère des chauffeurs et le blocage du périph, que le PDG affirme ne pas encourager, mais dont il joue habilement. Il y a aussi une proximité historique avec le ministère de l’Intérieur et sa Préfecture de Police. Ainsi, fin 2007, le gouvernement Fillon demande un rapport sur les taxis au préfet Pierre Chassigneux, président du groupe Sanef.

Coïncidence ? Ancien directeur des Renseignements généraux puis directeur de cabinet de François Mitterrand, l’homme est une vieille connaissance d’André Rousselet via le corps préfectoral. Son travail, publié en avril 2008, est si conservateur que la presse le qualifie de « contre-rapport Attali », qui vient, lui, de prôner une véritable libéralisation du métier. Mieux : ce même Pierre Chassigneux devient ensuite… président des Taxis bleus, poste qu’il occupe encore à ce jour !

 

Pour casser cette connivence avec la Place Beauvau, les partisans de la réforme demandent à ce que la tutelle de la profession soit transférée, comme celle des VTC, au ministère des Transports. « Le régulateur en vient toujours à ménager le secteur qu’il contrôle. C’est aussi vrai du Trésor avec les banques, et du ministère de la Santé avec les industries pharmaceutiques », explique Jacques Delpla. Ancien membre de la commission Attali, cet économiste préconise, lui, « la multiplication par deux en cinq ans du nombre de taxis en France ».

Surtout, Nicolas Rousselet est incontournable en tant que président de l’Union nationale des industries du taxi (Unit), le lobby de la profession. C’est à ce titre – et non comme patron de G7 – qu’il a été officiellement auditionné par la mission Thévenoud, qui a accouché fin 2014 de la loi du même nom. Résultat : depuis cinq ans, le lobby des taxis est arrivé à durcir les contraintes imposées aux VTC (formation, délais, tarification, prise en charge…).

Pénurie de taxis…

Hep taxi ! Zut, déjà pris… Aux heures de pointe ou les soirs de week-end, la capitale souffre d’une pénurie de taxis largement documentée. Pourquoi ? A Paris, c’est la Préfecture de police qui donne les autorisations de stationnement, alors qu’en province, ce sont les mairies. Seule cette précieuse licence – gratuite mais distribuée au compte-gouttes – autorise la maraude, prérogative exclusive des taxis, dont les tarifs sont en contrepartie réglementés. Les VTC, elles, n’ont pas le droit de stationner sur la voie publique ni de se faire héler dans la rue, aux abords des gares ou des aéroports.

Or entre 1990 et 2002, aucune nouvelle licence de taxi n’a été attribuée, alors que le PIB de la région Ile-de-France augmentait de 16,9%, et le nombre des passagers d’Aéroports de Paris de 49% ! Il y a 4 à 5 fois moins de chauffeurs pour le transport de particuliers à Paris qu’à Londres ou à New York, explique l’Autorité de la Concurrence, dans son avis du 13 décembre 2009. Et, selon le chercheur Richard Darbéra, « les Parisiens font en moyenne 6 voyages par an en taxi, les Londoniens 14 et les New-Yorkais 17″. A cause, en partie, de cette pénurie qui se maintient, même en comptant les VTC.

(…) Le Nouvel Obs

merci à François

1 commentaire

  • PARIS PRINTEMPS 2015BLOODY TAXIS ou comment les vrais taxis m’ont conduit dans les bras des VTC
    Quand ma compagne a su qu’elle avait un cancer, il a fallu se rendre à l’hôpital plusieurs fois par semaine. Au début du traitement, le bus représentait un bon moyen de transport. Après les premières séances de chimio et de radiothérapie, il a fallu recourir aux taxis étant donné son état de grande fatigue.
    .Au départ, je n’avais aucun reproche à faire aux taxis et puis l’expérience de trois aller-retour par semaine a permis de voir les choses différemment. Un chauffeur qui ne déclenchait pas sa clim’ en disant que les clients préfèrent les vitres ouvertes, un autre ralentissait devant un feu vert attendant qu’il passe au rouge.
    Lors d’une visite l’hôpital appelle une compagnie de taxi , le compteur indiquait 12 € avant de monter. Une fois, nous avons payé 9 €, une autre carrément 30 €, pour le même trajet, bien entendu. Ne parlons pas des véhicules. C’était sans doute une période maudite et les belles autos étaient toutes parties en vacances ! Nous avons eu droit à des caisses pourries du genre Citroën Saxo hors d’âge avec les sièges recouverts d’un plastique transparent ou d’une 308 SW première génération avec des amortisseurs lessivés à l’arrière. Toutes les poubelles qui pouvaient rouler étaient de sortie.
    A tout cela, il fallait ajouter les chauffeurs aux cheveux sales, habillés comme des retraités dans leur jardin et avec le siège conducteur reculé au maximum du fait de leur surcharge pondérale. Pas aimables en plus, à peine un bonjour et au moment de régler : « Ah, je ne prends pas les cartes bleues mais on peut aller jusqu’à un distributeur ». Des caisses dégueu, des chauffeurs antipathiques et pas propres sur eux, la coupe était pleine.
    Alors, il fallait essayer autre chose, les fameux VTC, Allo Cab ou Chauffeurs Privés.Première chose importante, le prix de votre course est indiqué avant la réservation.
    Le chauffeur arrive en Mercedes Classe C, Peugeot 508 SW ou C5 break, toujours dans des voitures de moins de cinq ans et d’une propreté époustouflante avec la bouteille d’eau à l’arrière, gratuite. Un chauffeur en costard, les cheveux courts, qui vous ouvre la porte et qui vous demande quelle station de radio vous voulez ou si vous préférez le silence. Au vu des évènements récents où des taxis ont ajouté la tenue de casseurs, comment refaire confiance à cette corporation ? Un parisien devenu très VTC
    Jeremy Vétivert

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