CAMP JEFFERSON – Après avoir relaté la persécution des Japonais émigrés aux Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale, dans sa série grand public Apocalypse, Daniel Costelle s’intéresse au sort des quelque 400 000 prisonniers allemands déportés aux Etats-Unis à la fin du conflit, alors qu’ils auraient pu être en détention en Europe, loin des théâtres d’opérations, en Grande-Bretagne par exemple. Un chiffre considérable : durant le premier conflit mondial, les Etats-Unis avaient fait 48 000 prisonniers, mais « seulement 1 346 furent détenus outre-Atlantique », rappelle l’auteur.
Le titre de l’ouvrage, Prisonniers nazis en Amérique, est racoleur, car bon nombre de ces Allemands n’étaient pas forcément des partisans d’Hitler, mais des patriotes attachés à leur drapeau et à leur sol, animés d’un « grand sentiment national allemand », malgré le déracinement forcé, comme le confiait le lieutenant comte Dankwart von Arnim. Prêts parfois à punir de mort des codétenus soupçonnés de livrer à l’ennemi des renseignements militaires ou de tenir des « propos défaitistes ».
De nombreux témoignages rappellent que les Américains n’ont pas pris de gants avec leurs prisonniers. Comme celui de Willibald Bergmann qui se souvient que ses geôliers octroyaient « un petit pain pour seize hommes, par jour ». En cas de protestation, le prisonnier de guerre allemand pouvait se retrouver avec une « croix gammée taillée dans les cheveux ». Ces conditions deviennent très pénibles à la fin de la guerre puisque « les rations alimentaires quotidiennes sont amputées de manière drastique », écrit l’historien Jean-Paul Bled dans la préface du livre de Daniel Costelle. Il ne fait pas forcément bon vivre à l’ombre de la bannière étoilée… à Guantanamo comme au camp Jefferson.
sourceNovopress