Tour à tour poète, auteur de théâtre, historien, critique littéraire et cinématographique, journaliste engagé, Robert Brasillach est également l’auteur de huit romans, dont le célèbre « Comme le temps passe ».
« Six heures à perdre », roman posthume, reste probablement le plus méconnu des romans de Brasillach, aussi les éditions Pardès, en rééditant ce titre, apportent une contribution salvatrice à la découverte de cette œuvre intéressante à bien des égards.
« Six heures à perdre » est un roman de l’Occupation (1943/1944) dont la trame policière, particulièrement bien troussée, sert de prétexte à décrire, à la manière d’un reportage sur le vif, une époque, une société aux repères brouillés, aux personnages dépassés par des situations souvent irréelles. Le règne de la pleine confusion.
Un jeune lieutenant libéré d’un camp de prisonniers passe quelques heures à Paris, dans l’attente du train de retour. Il profite de l’occasion pour tenter de retrouver une certaine Marie-Ange Olivier, rencontrée quelques années plus tôt par son compagnon de captivité, Bruno Berthier. Mais la police cherche également après la jeune femme, dont les fréquentations suspectes semblent en décalage avec le récit fait par Berthier à son ami…
Le roman se compose de trois parties très différentes : la première pose le cadre de l’intrigue et présente une ambiance très policière, avec une disparition inquiétante, un mystérieux assassinat et de multiples interrogations… La seconde partie, parfois un peu délayée, est centrée sur la relation entre Berthier et Marie-Ange ; il s’agit d’une subtile analyse de caractères, le récit d’un instant de bonheur simple et léger dans une époque ô combien troublée. La dernière partie, souvent considérée comme la meilleure, relate quant à elle les conditions de l’Occupation : la ligne de démarcation, le marché noir, la Résistance, les Américains, les Allemands, la LVF… C’est une peinture saisissante, juste et précieuse que livre Brasillach : un instantané d’une époque, qu’il vit lorsqu’il écrit le roman, de mars à juin 1944.
Un grand roman, dont l’heureuse exhumation prouve que les mots survivent aux balles.
Arnaud Robert.
ar@infos-75.com
Six heures à perdre ,de Robert Brassillach
Éditions Pardès 23€
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