Elise Andrioli dirigeait une petite salle de cinéma dans le temps.Elle y a accumulé une culture cinématographique phénoménale avant qu’un attentat ne la contraigne à se retrouver dans un fauteuil roulant. Tétraplégique, elle est aussi sourde, muette et aveugle. Avec sa seule main valide, elle peut uniquement pianoter sur une tablette.
Sa passion pour le septième art lui a permis d’écrire un scénario qui est récompensé par le festival de Cannes. Elle se retrouve invitée d’honneur avec sa fidèle accompagnatrice Yvette qui mate les mecs effrontément. Elles s’empiffrent comme des goinfres de petits fours et éclusent sec en regardant toutes les stars du grand écran passer.
Les ragots volent très bas et l’escadrille des «on dit » frôlent les sommets. Tout se passerait pour le mieux si les décès ne s’accumulaient pas de manière inquiétante. A la page 147, les macchabées se comptent déjà au nombre de cinq. Mais l’auteur Brigitte Aubert nous avait prévenu déjà quelques pages auparavant que « c’est comme ça dans tous les bons polars, l’auteur sort plus les suspects de son clavier qu’un magicien les lapins de son chapeau. »
Pour les amoureux de la langue française, ce roman sera un ravissement et la lectrice comme le lecteur vivra sa lecture comme une récompense.
Les digressions abondent, le bon mot est roi, tout devient sujet a une petite vanne ou une réflexion philosophique telle « Karine a une robe rouge ras le bonbon et un chemisier transparent bien rempli ».
Avec son style aussi concis, la romancière.réussit à affirmer son style Il suffit d’imaginer un Aldo Maccione sur vitaminé et survolté du matin au soir pour imaginer la prose de l’auteur. Élise passe très souvent sa mauvaise humeur sur la pauvre Yvette qui en prend plein la musette. Elle va aussi aider, grâce à son flair extraordinaire, le flic chargé de l’enquête à démêler l’imbroglio de tous ces meurtres.
Distrayant et plaisant.
Un thriller Cannois.
Seuil Policiers.
19,50 €
Dominique LE FUR