Lors de la célébration du Centenaire de la fin de la Grande Guerre, en 2018, le projet de création d’un Parcours créatif et paysagé sur les lieux de mémoire de la Grande Guerre a été envisagé.
Aujourd’hui, en partie réalisé en région Hauts-de-France, ce Parcours est devenu un intéressant projet européen labellisé Art et Jardins.
Une phase ultérieure de développement touristique de cet ensemble mémoriel et paysager, est envisagé, conduite sous l’impulsion de Gilbert Fillinger, fondateur et actuel directeur des Jardins de la Paix.
Parcours unique en Europe, il inspire aux visiteurs une réflexion sur la Paix.
28 jardins déjà réalisés en région Hauts-de-France par des architectes paysagers de talent, tous de renommée internationale, sont visitables en accès libre.
Petit tour de piste de quelques jardins emblématiques
Ce périple arboré conduit le visiteur dans les départements de la Somme, l’Aisne, l’Oise.
Le Jardin marocain des Hespérides à Craonne dans l’Aisne
Baptisé Jardin des Hespérides, il fait référence au verger légendaire de la mythologie grecque, situé symboliquement à la limite du monde occidental.
Construit sur la crête de l’emblématique Chemin des Dames, dominant la vallée de l’Aisne, il était le chemin de promenade maintes fois emprunté par les filles de Louis XV.
Il honore le vieux-Craonne, village entièrement détruit par la guerre.
Ses bosselages de terre symbolisent le martyr du village détruit sous l’effet des trous d’obus.
Une fontaine jaillit sur des carreaux colorés de terre cuite émaillée typiques du Maroc. L’eau symbolisant la vie face à l’inhospitalité du désert.
Il rend harmonieusement hommage aux soldats marocains ayant sacrifiés leurs vies pour la France.
Le Jardin d’Eutychia à Péronne
Il représente respectivement l’Irlande et l’Irlande du Nord.
Lourdes pertes humaines à Péronne dans cette ville occupée par les allemands pendant la quasi-totalité de la Grande Guerre, laissant un champs de ruines et de désastres
Baptisé Jardin d’Eutychia, le jardin est placé sous le signe de la déesse grecque du bonheur.
Un jardin qui n’appartient à personne. Les fruits et fleurs sont faits pour être cueillis par tous, passants et habitants. Tables de picnic et larges bancs en pierre locale dans les douves de l’ancien château invite à une réconciliation.
Le Jardin du Troisième Train, le train de la paix.
Nous sommes en forêt de Compiègne dans le département de l’Oise.
Ce projet franco-allemand a pris l’idée d’aménager l’allée vide qui mène du parking à la clairière de l’armistice où stationne le wagon devenu célèbre, lieu de signature de l’armistice le 11 novembre 1918.
Frondaisons et poches de terre jardinées dans ce lieu ombragé. Une longue banquette basse en bois invite les promeneurs à faire une halte.
Après le temps de la discorde et de la vengeance, le troisième train est celui de la quiétude et de la Paix.
Jardin d’Australie à Amiens dans la Somme
Il est spectaculaire et, entièrement urbain, facile d’accès sans voiture.
Couleur ocre du sol rappelle les tonalités rouges et ocres des terres ancestrales aborigènes.
3000 m² au pied de la Citadelle de Vauban relookée par Renzo Piano donnant accès à l’université d’Amiens.
Roches volcaniques, monticules de terre créés, bancs en bois exotique pour ce lieu de repos et de méditation ouvert à tous et apprécié des étudiants de l’université proche.
Thiepval dans la Somme haut lieu de la Bataille de la Somme.
Émouvants Jardin Anglais et Jardin Gallois.
Thiepval, hameau entièrement détruit et rayé de la carte. Jardin inspiré par les stigmates de la grande guerre inscrits dans les bois des troncs d’arbres des amples forêts de la Somme.
Dans ce sous-bois des « Dryades », esprits féminins de la nature, deux allées plantées d’arbustes se font face.
Viornes, cornouillers, aubépines encerclent une cage de branchages rendant visibles les trous d’obus mutilant la forêt.
Leur alignement reprend la forme sinueuse des tranchées.
La forêt repousse et efface petit à petit les stigmates de la guerre.
Jardin de 1500m2 plus mémoriel que les autres.
72 000 noms inscrits sur les murs de l’imposant Mémorial franco-britannique dont celui de Robert, grand-père de David Bowie que les fans de l’artiste recherchent, avec patience et émotion. L’inscription du nom figure sur les nombreuses colonnes affichant les inoubliables morts de cette rude bataille.
Magnifique inscription Their names liveth here « For evermore » et magnifique conclusion de cet avant-goût d’un Parcours envisagé pour 45 jardins des Hauts de France agrandi à la région Grand Est, Belgique et Luxembourg.
Au fil des ans, ces Jardins seront recouverts de végétation. La nature va renaître et finira par atténuer la violence de la guerre.
Geneviève Guihard
Association des Jardins Paysagers des Hauts-de-France et des Hortillonnages