Le Musée de la Grande Guerre, unique musée d’Europe dédié à la Première Guerre mondiale, vient de fêter sa dixième année d’existence. La commémoration du Centenaire de la Grande Guerre, puis l’exposition sur les 10 ans de dons, souvenirs de guerre offerts par des particuliers, ont enrichi la collection déjà exceptionnelle du premier donateur Jean Pierre Verney.
Le Musée de la Grande Guerre a connu depuis sa création, un grand succès de fréquentation. Il a reçu récemment son millionnaire visiteur.
Le caractère exceptionnel de la collection première offerte au musée retraçant toutes les problématiques de la Grande Guerre, concernant toutes les armées en conflit, y compris la dimension éducative/pédagogique des expositions qui ont pu être visitées par un bataillon de collégiens et lycéens, expliquent ce succès plutôt inattendu.
Le Musée de la Grande Guerre est devenu un site emblématique incontournable.
La deuxième décennie du musée s’ouvre avec de nouveaux évènements
La nouvelle grande exposition « TRANCHÉES » se tient jusqu’en 15 août 2022.
François Cochet, commissaire de l’exposition, écrivain, professeur émérite de l’Université de Lorraine, aide à comprendre le « système-tranchées » mis au point lors de la Grande Guerre.
L’exposition est nourrie des collections propres du musée avec quelques prêts d’institutions muséales et de collectionneurs privés.
Aujourd’hui, le projet va plus loin comme le souligne Jean-François Coppé, l’édile emblématique de la ville. La construction d’une vraie tranchée dans l’enceinte du parc du musée est envisagée à l’horizon 2024 .
Le musée va aussi accueillir deux wagons en démolition qui ont servi au transport de troupes et d’animaux lors de la Grande Guerre. Plus tard, malheureusement, ils ont servi aussi à la déportation de juifs au cours de la 2ème guerre mondiale.
La tranchée, un système militaire opératif
L’exposition souligne la réalité et la complexité du système de tranchées ramifiées et reliées entre elles. On prend la mesure de ce système de défense devenu l’emblème tragique de la Grande Guerre. La tranchée est avant tout un lieu de veille et de surveillance de l’ennemi.
Mais ce système de tranchées tue toute tactique, fait perdurer la guerre même s’il économise des vies humaines. Jusqu’à ce que l’on retrouve une guerre de mouvement.
L’historique des tranchées est expliqué. Depuis la Grèce antique, on creuse des tranchées pour s’emparer aisément d’une ville voisine. La guerre de 1870, la guerre russo-japonaise de 1904, les ont également utilisées.
La Grande Guerre de 14/18 systématise la tranchée par la puissance de feu déployée par les belligérants. Le réflexe de survie est de creuser pour se protéger.
Tranchées linéaires, en profondeur, en largeur, ou construites en zig zag par les poilus avec pelles et pioches. Celles-ci figurent en vitrines.
300 objets, archives, vidéos, films de l’ECPAD expliquent ce système défensif.
L’enfer des Tranchées
Guerre d’usure. Parfois, à seulement 15 mètres de distance, les poilus sont proches de leur ennemi. C’est très anxiogène. Cette guerre est plus une guerre de surveillance que de combats. Le prisonnier est souvent la seule source de renseignements. Le poilu habite la tranchée et s’y ennuie. Il a les pieds gelés dans l’eau glacée l’hiver. Peau de mouton et toile de tente sont exceptionnellement autorisés pour se protéger du froid.
Un artisanat de tranchée peut s’y développer. Fabrique de cages à rats, mais aussi un très joli herbier, montrés dans l’exposition.
On a peur de se perdre dans les tranchées. Le poilu donne alors des noms aux « boyaux ». Parfois il se retrouve dans le camp adverse ! Un système de barbelés est mis en place.
Le chien est beaucoup utilisé pour la livraison de médicaments, nourriture, sans aucune sentimentalité. Le pigeon colombophile bagué apparaît.
Grenades et pistolets sont les armes de combat du poilu. Des périscopes sont installés (on observe sans sortir la tête).
Le problème des mutineries et de la désobéissance est aussi évoqué, dans cette riche et passionnante exposition.
Aujourd’hui que reste t- il des tranchées ?
L’immense majorité des Tranchées ont été comblées pour réaffecter les terres à la culture.
Dans le département de la Somme par exemple, les terres riches et fertiles valent cher. A Verdun, paysage collinaire et bocager, la terre est moins lucrative. La meurtrière bataille de Verdun où 100 000 hommes n’ont jamais été retrouvés et donc jamais enterrés décemment, le sol est devenu Sol Sacré de la Patrie. Le champ de bataille, considéré comme une nécropole à ciel ouvert, a été recouvert de forêts pour le préserver.
Le projet du musée de la Grande Guerre de reconstituer une vraie tranchée dans le périmètre extérieur du musée, prend tout son sens.
Sur les pas des glorieux soldats de la Marne
On leur rend hommage à perpétuité dans ce parcours inédit proposé par l’Office de Tourisme du Pays de Meaux. Le Parcours retrace les épisodes des combats, mais aussi les nombreux lieux de sépulture (Monument à Charles Péguy, par exemple), lisibles en sillonnant les champs de la Bataille de la Marne. Balisage « Circuit bataille de la Marne 1914 », environ 2 heures en voiture ( 40 km).
Geneviève Guihard
Musée de la Grande Guerre à Meaux
Exposition TRANCHÉES jusqu’au 15 août 2022
Le parcours Bataille de la Marne
Meaux Marne Ourcq Tourisme