Il y a, à la mairie de Paris, un bureau dont les lumières ne s’éteignent jamais : la BEA. Non, ce n’est pas le « Bureau enquêtes accidents » bien connu des pilotes d’avion, c’est le « Bureau des emmerdements des automobilistes » où une petite troupe de gens délicats concoctent à jet continu les mesures susceptibles de décourager les banlieusards de se rendre, et surtout de s’arrêter, dans la capitale.
Ce furent d’abord les voies de bus et de vélos supprimant tout stationnement d’un côté de la voie. Mais de l’autre, c’est désormais un privilège réservé à diverses castes : bus, livreurs, taxis, handicapés, véhicules électriques, deux-roues, transporteurs de fonds… dont la liste s’enrichit régulièrement…
Ce qui reste, c’est-à-dire pas grand-chose, accueillera avec de la chance ceux qui ont encore le courage d’aller dîner chez des amis parisiens ou d’aller au concert ou au théâtre. Mais à condition d’avoir les moyens, parce que ça vous coûtera plus cher que le bouquet de fleurs ou le fauteuil à l’orchestre. On a supprimé les classes dans le métro ; maintenant, elles sont le long des trottoirs.
Et ça marche, puisque le site de la mairie se félicite que « grâce aux politiques mises en œuvre par la ville ces dix dernières années, la circulation automobile a chuté de 40 % ».
Dernière innovation des Géo Trouvetou de l’hôtel de ville, la limitation du périphérique à 50 km/h sur l’ensemble de l’axe depuis jeudi dernier. Pour votre bien, naturellement, par la réduction du bruit, des accidents, de la pollution de l’air (qui n’a jamais été aussi pur !) et, surtout… pour les résidents intra-muros. (On n’évoque plus trop l’avantage climatique depuis qu’on sait qu’en fait, ça fera plus de gaz de pots d’échappement…)
À vrai dire, on aimerait souvent atteindre les 50 km/h sur un périphérique chroniquement engorgé, mais pour ceux qui travaillent tôt comme les artisans du bâtiment, voire de nuit comme les taxis ou les livreurs d’alimentation, cette vitesse limite est un fardeau de plus.
On se moque des dictatures exotiques, mais un système qui permet à une femme qui a obtenu, il y a deux ans, 1,7 % des suffrages des Français d’imposer ses lubies au quart de la population – les 12 millions de Franciliens – est-il vraiment conformes aux sacro-saintes « valeurs de la République » ?
C’est la question que s’est pertinemment posée Vincent Jeanbrun, député LR du Val-de-Marne, qui vient de déposer une proposition de loi – assortie d’une pétition – pour que la gestion du périphérique ne soit plus confiée à la mairie de Paris mais à la région Île-de-France.
Richard Hanlet Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d’appel de Versailles