Sauf que le commandant Jean-Baptiste Salvaing et sa femme (fonctionnaire de police, elle aussi) ne sont pas simplement « morts », ils ont été assassinés. Lui, hier à 21 h, sur le seuil de son domicile, de neuf coups de couteau, au cri d’Allah akbar. Elle, à l’intérieur de la maison, sous les yeux de son petit garçon de 3 ans… « choqué mais indemne » – au moins physiquement – grâce à l’assaut du RAID, qui a abattu le meurtrier. Et l’État islamique a revendiqué.
Sauf que l’on n’attend pas de Bernard Cazeneuve qu’il soit « triste » – nous le sommes tous, inutile d’être ministre de l’Intérieur pour cela – ni qu’il « soutienne » familles et collègues, il y a des cellules de professionnels dévolues. Mais qu’il soit efficace. Déterminé. Implacable.
« L’agresseur » – c’est ainsi que l’appelle Bernard Cazeneuve dans un communiqué complétant le tweet, comme s’il avait arraché le sac d’une vieille dame – est avant tout un terroriste islamiste, âgé de 25 ans, « connu », nous dit-on, des services de police : Larossi Abballa, détenteur de la nationalité française, avait été condamné en 2013 pour association de malfaiteurs en vue de préparation d’actes terroristes. « Connaître », c’est bien. Neutraliser, c’eût été mieux.
De son côté et dans le même temps, François Hollande a déclaré que « toute la lumière [serait] faite sur la nature exacte de ce drame abominable ». Comme si certains avaient encore besoin d’être éclairés et se grattaient le menton : tiens, tiens… crime passionnel ou cambriolage qui tourne mal ?
Il n’y a bien que François Hollande et Bernard Cazeneuve, en France, qui n’aient pas été rapidement fixés sur la « nature exacte » des faits. À aucun moment, dans ces déclarations, ils n’ont prononcé le mot « islamisme ». Vont-ils enfin oser le faire ce matin ?
Hier calomniés, conspués, caillassés. Aujourd’hui sauvagement assassinés, avec leur famille. Il ne fait décidément pas bon être policier en France. La tour Eiffel a été illuminée aux couleurs du rainbow flag. Le sera-t-elle, ce soir, aux couleurs des flics, qui sont tout simplement celles de notre drapeau tricolore ?
La vérité est qu’Anne Hidalgo n’est pas au bout de ses compliqués jeux de lumière. Car cette nouvelle forme de terrorisme, artisanale et de proximité, fait de chacun – parce qu’il est flic, militaire, homo, chrétien… et qu’il était au mauvais endroit au mauvais moment – une cible potentielle. Et ce n’est pas sans rappeler tragiquement l’Algérie à certaines périodes de son histoire.