Spécialisée dans l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, la littérature et le théâtre, la BHVP a réouvert le 11 décembre, dans un écrin qui valorise mieux que jamais les trésors qu’elle recèle dans les dix-huit kilomètres de rayonnages de ses réserves. Outre ses collections historiques, la bibliothèque possède en effet des fonds qui attirent les chercheurs du monde entier, en particulier dans le domaine littéraire: des joyaux tels que des lettres et manuscrits originaux de Voltaire, Gustave Flaubert, George Sand, Guillaume Apollinaire ou Jean Cocteau… Mais avant de vous faire pénétrer dans ses allées chargées d’histoire, revenons sur la longue et riche existence de la bibliothèque.
Une histoire mouvementée
C’est en 1763 qu’Antoine Moriau, procureur du roi et de la Ville, et locataire de l’Hôtel de Lamoignon, y installe sa bibliothèque personnelle consacrée à l’histoire de Paris, et la lègue à la Ville de Paris. L’Hôtel Lamoignon devient la première bibliothèque de la ville ouverte au public, et possédera jusqu’à 30 000 volumes en 1795, année où ils seront confisqués et versés dans la bibliothèque de l’Institut de France. Régulièrement enrichie, la bibliothèque est installée dans l’Hôtel de Ville en 1847, qui sera ravagé par un incendie lors de la Commune, au cours duquel l’intégralité de ses fonds sera détruite. Une nouvelle bibliothèque est alors créée, jointe au musée Carnavalet, avant d’être installée en 1898 dans un hôtel voisin. En 1928, La Ville de Paris rachète l’hôtel Lamoignon, très délabré, et entreprend sa rénovation…
Ce n’est qu’en 1969, 40 ans après (!), que les travaux se terminent. La bibliothèque historique y est donc de retour, portée par un projet d’envergure. Si à l’extérieur les bâtiments sont plutôt classiques, avec toits en ardoise et murs en pierres de taille, l’espace intérieur se veut résolument contemporain, avec sa mezzanine étonnante qui ondule et surplombe un vaste hall d’accueil habillé de bois.
Une transformation dans la continuité
Près d’un demi-siècle plus tard, les locaux à destination du public avaient besoin d’un bon rafraîchissement. L’espace intérieur conçu en 1969 apparaît d’une telle qualité architecturale et esthétique qu’il méritait d’être rénové à son tour, dans le plus grand respect de l’architecture initiale. Le plus grand défi était de faire suivre au lieu l’évolution récente des bibliothèques, et en premier lieu à la révolution informatique. Les catalogues papier, constitués de milliers de fiches rangées dans des centaines de petits tiroirs de bois, ont cédé le terrain aux ordinateurs d’une façon plus harmonieuse et intégrée.
Toutefois, une partie de ces fichiers sur papier a été conservée sur la mezzanine, afin de garder une trace d’un mode de fonctionnement révolu. Il devenait également nécessaire d’adapter la bibliothèque aux besoins du public actuel, en proposant des vestiaires et un espace de détente. Enfin, un accès pour les personnes à mobilité réduite a été aménagé, leur permettant d’accéder à l’intégralité des espaces publics, des services et des activités culturelles (mise en service février 2018).
Des services améliorés et étendus
Pour sa réouverture, la Bibliothèque historique inaugure également de nouveaux services. Le plus alléchant? Sans aucun doute le prêt de livres anciens (du 17e siècle jusqu’à 1960), qui donne au large public accès à ces ouvrages sous leur forme matérielle authentique, soit un millier de livres sélectionnés dans les collections de la bibliothèque. Les livres proposés racontent l’histoire de Paris mais aussi des guides de promenade ou de tourisme, du 18e et du 19e siècle, qui évoquent les trésors de l’architecture parisienne ou les splendeurs des expositions universelles. Le fonds comporte également des revues, parmi lesquelles l’année 1793 du premier quotidien français, Le Journal de Paris, L’Illustration, ou les premières années de Paris-Match.
La bibliothèque par ailleurs s’est dotée de nouvelles vitrines d’exposition, qui permettront d’organiser, trois fois par an, des expositions-dossiers mettant en valeur la diversité et la richesse des ses collections. La rénovation offre également l’espace nécessaire pour exposer un immense tableau, jusque-là roulé et stocké dans les réserves, restauré pour l’occasion. Cette huile sur toile de 3 mètres sur 5, peinte par Eugène Bourgeois en 1889, est une vue de la place de la Bastille et de ses environs en 1889.
Outre la restauration du prestige des lieux, et l’adaptation de ses fonctionnalités à l’époque, c’est aussi le souci de l’ouverture à de nouveaux publics qui sous tend cette rénovation. Alors qu’elle était jusqu’ici accessible sur simple inscription, la bibliothèque invite désormais curieux, voisins, promeneurs ou touristes à profiter de ce lieu historique et de ses ressources exceptionnelles. Que vous soyez avide de plonger dans les pages de ses trésors littéraires, ou simplement amateur.trice de beauté architecturale, l’Hôtel de Lamoignon saura vous accueillir dans le luxe, le calme et la volupté, et ce sans avoir à débourser un centime…