L’auteur fait déjà partie des stars du polar européen puisqu’il s’agit de son sixième roman publié par les éditions du Seuil. Dans son pays d’origine, l’Allemagne ses livres se trouvent en tête de gondole. Comme Donna Leon qui cache sous se pseudo sa nationalité américaine, Viet Heinichen ne vit pas à Venise mais à Trieste, ville qui se trouve à droite tout en haut de la botte italienne et tout à côté de la Croatie, l’Autriche et surtout la Slovénie où le célèbre commissaire Laurenti va devoir se rendre dans le cadre d’une affaire quelque peu compliquée.
Bon père de famille et bon mari autant que faire se peut, il doit effectuer les achats de Noël avant qu’il ne soit top tard car sa présence s’impose pour la cérémonie d’adhésion à la communauté européenne par la Slovénie. Peu avant, un personnage un peu louche se fait défenestrer du train à la frontière précisément.
C’est aussi la période que choisit Pina son assistante pour se faire mordre par un chien de combat alors qu’elle faisait du vélo. Un jeune homme la sauve et ce qui ne gâte rien ses signes extérieurs de richesses éblouissent la petite sicilienne élevée dans la pauvreté. En fait le prince charmant se déplace en fauteuil roulant mais son père semble jouir d’une fortune incommensurable si on l’évalue aux œuvres d’art présentes dans la demeure.
Très vite Pina apprend que le fils comme son papa spéculent à qui mieux mieux. Pendant ce temps, Laurenti pédale dans la choucroute avec le macchabée du train qui avant de rendre l’âme, s’est débarrassé d’un gros paquet de drogue. Viet Heinichen nous emmène aussi dans le cœur de la finance où la délinquance flirte toujours avec la moralité. Il met aussi le doigt sur cet endroit de l’Europe dont on ne parle plus depuis la fin de la guerre en ex-Yougoslavie et de l’espace de Schengen qui permet de voyager et à la mafia de passer d’un pays à l’autre.
Quand l’inspecteur Laurenti roule en Alfa Roméo, les délinquants en col blanc se déplacent en Maserati. En Italie quelque soit le côté où l’on se trouve, le patriotisme reste une valeur sûre. « La raison de plus fort » se déguste comme un bon Bordeaux mais peut se consommer sans modération de la première à la dernière page.
Un polar venu de l’adriatique
302 pages, Policiers Seuil, 21,50 €
Dominique LE FUR