Où est une âme, là est l’espérance:
L’Asie et l’Europe sont séparés par la frontière naturelle du Bosphore et la ville d’Istanbul présente cette singularité de couvrir les deux rives du célèbre détroit. Lorsque l’on évoque Istanbul, on pense aussitôt, bien sûr, à Sainte-Sophie, à la Mosquée bleue, au palais de Topkapi ou encore à la tour de Galata. Outre son statut de capitale culturelle, on oublie parfois qu’Istanbul est aussi la ville la plus importante de Turquie sur les plans économique et industriel (la Métropole est ainsi le centre d’import-export majeur de Turquie et abrite le plus grand port de commerce du pays).
Tous ces aspects font d’Istanbul l’une des destinations touristiques les plus importantes dans le monde. Comment découvrir une mégalopole si riche, autrement que par les prismes usuels et formatés du nomadisme mondialisé ? Le photographe Damien Guillaume propose de découvrir la ville par une approche originale, en empruntant un sentier détourné, aux antipodes des… clichés et du côté « skyline » vers lequel évoluent, hélas, de plus en plus de cités de par le monde orwellien qui est le nôtre.
La culture se décline à travers les multiples palettes du savoir : par exemple, savoir parler, savoir écrire, savoir transmettre la langue, socle de toute civilisation authentique. Ou bien savoir cuisiner, savoir déguster mets ou breuvages. En bref, la culture forge un art de vivre propre à chaque peuple, à chaque nation. On pense plus rarement au savoir-faire, celui réclamé par les métiers et pratiqué par les artisans. C’est sur ce sentier au parfum de çay que Damien Guillaume invite le lecteur à découvrir l’âme besogneuse d’Istanbul : forgerons, ferblantiers, dinandiers, corroyeurs, bourreliers, cordonniers, tisserands, luthiers, menuisiers, etc. L’artisanat constitue ainsi la clé de lecture de l’envers du décor de cette véritable caverne d’Ali Baba qu’est le Grand Bazar (bijoux, tapis, textiles, mosaïques, argenterie, parures, vaisselles en faïence…).
Les photographies de Damien Guillaume, parfois judicieusement colorisées, offrent de saisissantes tranches de spontanéité de ces hommes et femmes qui tissent, humblement, l’art et contribuent à confectionner, chacun à son rang, le patrimoine pittoresque turc.
Un bel hommage pour de beaux ouvrages.
Arnaud Robert.
Titre : « Istanbul – Les derniers artisans »
Auteurs : Jean-Michel Belorgey – Damien Guillaume
Editeur : Éditions Empreinte temps présent
Prix : 19,90 euros
