Bertrand Delanoë est très contrarié : les manifestants de dimanche dernier lui ont terriblement abîmé ses pelouses du Champ de Mars.
Bon. On ne savait pas Delanoë si épris du Champ de Mars et si tatillon avec son gazon, l’association des Amis du Champ de Mars ayant même déclaré dans une lettre ouverte datée de 2011, « qu’elle avait l’impression que l’Exécutif de la Ville se désintéressait totalement de la détérioration constante du site qui était pourtant l’image de Paris pour le monde entier », mais pourquoi pas.
Tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il ne restait pas de détritus (de nombreux jeunes bénévoles ont œuvré jusqu’à tard dans la soirée), mais les pelouses ont été piétinées.
En guise de dédommagement, le maire de Paris réclame 100 000 euros.
Pourtant, le Champ de Mars a déjà accueilli des foules considérables, en particulier pour des concerts, celui de Polnareff en 2007, de Johnny Hallyday en 2009, et surtout « Le concert des potes » de SOS Racisme en 2011 (subventionné par la mairie de Paris), mais c’est la première fois que l’on entend Delanoë demander publiquement réparation pour son gazon.
Cela laisse un peu perplexe.
D’abord, il faudrait d’urgence que le maire de Paris se mette d’accord avec le Préfet de Police : soit les manifestants étaient spécialement nombreux, ce qui expliquerait que la pelouse soit spécialement dégradée, soit ils ne l’étaient pas et l’on ne voit pas pourquoi il y aurait des dégâts particuliers.
Car enfin, si on suit le raisonnement, le million de potes rassemblé en 2011 aurait moins piétiné la pelouse du Champ de Mars que les 350 000 manifestants de dimanche comptabilisés par la préfecture ?
Première hypothèse : les « potes » étaient tous venus en chaussons pour préserver la pelouse quand nos marcheurs du 13 janvier avaient bien sûr mis leurs talons aiguille. Pas très commode pour traverser Paris, mais enfin…
Deuxième hypothèse : Les « potes », adeptes de Dukan et Weight Watchers, étaient extrêmement minces et pour ainsi dire en lévitation, quand les marcheurs de dimanche étaient tous obèses et dotés de la souplesse de déplacement d’un troupeau d’éléphants. Tout s’explique donc très bien, c’est extrêmement clair : eu égard à leur volume encombrant, à 350 000, ils remplissaient déjà le Champ de Mars, quand les potes, en rentrant le ventre, ont pu s’y caser à un million.
Troisième hypothèse : La mairie de Paris et la Préfecture de Police se paient légèrement notre tête, et tout cela frise la persécution.
La prochaine fois, leur faire penser néanmoins à accorder leurs violons : Un bon bobard, n’est-ce pas, est un bobard crédible…
Source- boulevard voltaire