1er tome de Paco les Mains rouges, un diptyque signé Fabien Vehlmann et Éric Sagot ; témoignage sur le bagne de Cayenne et le sort réservé à ces condamnés que l’on envoyait à l’autre bout du monde…
Dans ce premier épisode de Paco les Mains rouges, on découvre l’histoire d’un jeune instituteur auteur d’un crime passionnel qui échappe à la guillotine, mais se voit condamné au bagne à perpétuité. Son calvaire commence dès le voyage vers la Guyane. Là-bas, « Paco les Mains rouges », surnommé ainsi parce qu’il a commis un crime de sang, doit affronter la réalité d’un monde carcéral où règne la loi du plus fort, où il faut survivre à chaque instant sans avoir le moindre espoir de sortir libre.
1er des deux volets de Paco les Mains rouges, avec un cahier graphique en fin d’ouvrage ; une BD sur le bagne de Cayenne et un magnifique roman graphique.
Notre avis:
Fallait-il mourir sous la guillotine ou partir pour la «guillotine sèche» ? Notre héros, un instituteur, se retrouve embarqué pour les tropiques pour un allé simple, une traversée pleine de dangers. Ses camarades ne sont pas des tendres, le premier geste pour rentrer dans la confrérie des taulards c’est le tatouage ; notre tatoueur, beau comme un dieu, lui trace dans le dos la faucheuse. Une amitié particulière se noue entre nos deux hommes, mais auparavant notre mignon va être violé par trois bagnards ! Pour se venger, il tranche la jugulaire d’un de ses violeurs… d’où son surnom.
Vehlmann Fabien
Scénariste:
Biographie:
Fabien Vehlmann est né le 30 janvier 1972 à Mont de Marsan, dans les Landes. (Il en gardera l’amour des arbres tordus par le vent.) Trois ans plus tard, il déménage en Savoie, où il passe une enfance « vraiment chouette », dans un harmonieux dosage d’introversion — il adore inventer des jeux tout seul — et de sociabilité — il adore retrouver ses potes. « J’ai eu de la chance, mes parents m’ont laissé jouer, au lieu de bosser dès la maternelle, ».
Vers 6 ans, il attaque la bande dessinée, en remplissant ses cases de dessins genre « sténo ». Il se découvre aussi un don d’amuseur public, qu’il se croit obligé d’entretenir, jusqu’au moment où il comprend qu’il a aussi le droit d’être triste. Ce qui nous vaut (peut-être) les moments les plus touchants de Samedi et Dimanche : entre deux rigolades, Samedi se chope le blues. Il n’est plus qu’un pauvre petit chiffon qui veut « tomber ici et puis rester tout mou sur le sol et puis pleurer ».
Arrivé en fin de parcours lycéen, il se dit que la BD n’est pas une orientation professionnelle raisonnable. Il entre à l’École supérieure de commerce de Nantes, navigue dans le marketing des jouets, et sort diplômé en 1995.
Objecteur de conscience, il se retrouve administrateur d’une troupe de théâtre. « C’était comme être planté au milieu d’une pâtisserie sans pouvoir manger les gâteaux : je ne vivais que les aspects chiants de la création. » Malgré tout, il tourne deux ou trois courts-métrages en vidéo avec les comédiens, et essaie la radio dans une station locale, avec des sketches qui font bien marrer le technicien — c’est toujours ça.
En 1996, Spirou organise un concours de scénario. Il faut envoyer quatre pages, il en tartine quarante, c’est beaucoup trop. Il envoie donc ses pages hors concours, et reçoit une réponse mitigée — peut mieux faire — qui le galvanise parce que c’est une réponse quand même. En vue de « mieux faire », il attaque une autre BD qu’il renvoie à Spirou. Réponse : c’est toujours pas ça. « Là, j’ai morflé, je me voyais déjà en haut de l’affiche. » Alors il fait un pari : au lieu de chercher du boulot dans le commerce, il va rester chez ses parents pendant un an pour écrire de la BD. « J’ai eu de la chance, mes parents ont accepté. J’ai toujours eu beaucoup de chance, je tiens à le dire. » Cette fois, Spirou est content et achète ses pages. Visitez le site : http://vehlmann.blogspot.com/
Sagot Eric
Dessinateur :
Eric Sagot est né en 1965 à Nantes, ville dans laquelle il vit toujours. Eric voyage régulièrement avec son sac à dos à travers le monde pour dessiner sur ses carnets. C’est dans ces conditions qu’il propose ses Carnets de voyage, en parallèle à des albums parus chez Bikini et Carabas. Dès 1990, plusieurs séjours en Guyane lui donnent fortement envie de dessiner une histoire de bagnards. Son rêve se concrétise quand il rencontre Fabien Vehlmann qui lui propose de développer ce projet qui voit le jour chez Dargaud en 2013. On y découvre un Eric Sagot graphiquement transcendé, à tel point que l’éditeur lui propose de compléter cette histoire par un cahier graphique de vingt pages.