Mais là où ça se corse, c’est dans le scénario même. Car cette cellule, infiltrée par un journaliste – Sam, de père algérien, musulman éclairé et instruit, vivant avec une femme française épanouie -, est composée par ailleurs d’un Maghrébin, Driss ; d’un Noir, Sidi ; de deux Français convertis : Christophe et Hassan, le chef des opérations de retour du Pakistan. Ce dernier n’hésitera d’ailleurs pas à tuer son épouse arabe et traîtresse. Tout se tient ! Les convertis sont les plus fanatiques, dit en substance le film, faisant mentir avec prémonition – car tourné en 2014 – les scénarios des 7 janvier et 13 novembre 2015 où, sauf erreur, aucun terroriste made in France de souche ne participa aux réjouissances !
Le réalisateur, Nicolas Boukhrief, ne propose donc rien que de très consensuel, en phase avec une société ne jurant que par le multiculturalisme « enrichissant ». Ainsi, Driss finira par douter du bien-fondé d’une action terroriste sur des civils innocents lorsque Christophe, le fils de bourgeois catholiques, n’aura aucune hésitation, et ce, jusque dans la mort.
Heureusement, l’histoire se finira bien et notre héros, Sami, après avoir collaboré avec une police obligatoirement sournoise et calculatrice, pourra enfin écrire son livre sur les réseaux djihadistes de banlieue. Le plus beau, dans cette affaire, c’est qu’il sera miraculeusement sauvé par un Coran offert jadis par son père, lequel arrêtera la balle qui lui était destinée, une fois son identité connue du chef. Entre-temps, Sam aura courageusement fait avorter l’attentat. Un héros comme on les aime !
Ce qu’il faut retenir de ce film, c’est que les musulmans sont, dans leur écrasante majorité, pacifiques, ouverts au dialogue et compatibles avec nos traditions : la litanie habituelle. Voyez, d’ailleurs, comme ils se sont massivement soulevés quand une brebis égarée de leur troupeau a buté des enfants dans une école, dont le plus jeune avait trois ans. Voyez, encore, comme ils ont protesté contre les viols collectifs des femmes allemandes dans la nuit de la Saint-Sylvestre…
Made in France est, en fait, symbolique de ce déni distillé depuis les rédactions, les plateaux de radio et de télévision, les salons feutrés du pouvoir, pour descendre ensuite sur nos cerveaux disponibles.
Quid de la réalité du terrain ? À cela, Henri Jeanson, fameux scénariste et dialoguiste du cinéma français, répondait à sa façon : « Les apparences sont infiniment plus savoureuses que les réalités. » Nicolas Boukhrief semble avoir retenu la leçon !
source Boulevard Voltaire
Charles Demassieux