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ANNIVERSAIRES : Le périph’ a 40 ans et ses anges gardiens 38 !


25 avril 1973, Pierre MESSMER, premier ministre, inaugure le boulevard périphérique, boucle de 35,04 km suivant pour partie les anciennes fortifications de la commune de Paris. Il s’agit de faire face à une circulation de plus en plus dense. Il faut néanmoins attendre près de deux ans – le 3 mars 1975 – pour qu’un service de police spécialisé lui soit dédié – la compagnie du périphérique. Jusqu’à cette date, les interventions incombaient aux arrondissements limitrophes et au service des compagnies de circulation. C’est en 1999 que la compagnie du périphérique acquiert son autonomie et est rebaptisée service de circulation du périphérique (SCP).
A l’occasion de cet anniversaire, PPrama vous invite à découvrir le périphérique sous l’angle de ceux qui en prennent le pouls quotidiennement, veillent à sa régularité et anticipent ses troubles. La parole revient au commandant à l’échelon fonctionnel Gilles TIRAN, chef du SCP.DécryptageUne présentation du service de circulation du périphérique pour commencer ? Le service compte 164 policiers et 2 agents administratifs ; nous sommes installés depuis le milieu-fin des années 70 au 1, rue Jean-Baptiste Berlier dans le 13e arrondissement, en contrebas du périphérique. L’essentiel de notre activité consiste en contrôles routiers et en interventions lors des accidents. La moyenne annuelle de nos interventions s’élève à 5 400 dont 60% d’interventions hors répression. Les plus courantes sont bien évidemment liées aux véhicules en panne, aux accidents de voie publique, en cas de dégâts matériels et – systématiquement – en cas d’accident corporel. Les accidents les plus graves sont pris en charge par le service du traitement judiciaire des accidents (STJA). Nous devons également intervenir lorsque des objets encombrent la chaussée. Des escabeaux, tubes et même des voitures tombent lors de leur transport ! Nous assurons la protection des services de la ville lorsqu’ils font des travaux d’entretien ou de réfection, notamment sur les nids de poule ou encore, l’hiver, lorsqu’ils doivent faire tomber les stalactites qui se forment dans les tunnels. Nous assurons aussi la prise en charge des piétons et des animaux errants, le plus souvent des chiens et chats. Le périphérique étant en activité permanente, la nôtre l’est donc aussi, nous travaillons 24h/24, 7j/7. Le périphérique est effectivement bien connu pour la densité de son trafic, le nombre des accidents est-il aussi important ?

Il faut savoir qu’environ 1,3 million de véhicules empruntent le périphérique quotidiennement, il s’agit du premier axe européen en terme de fréquentation. Or, sur la période courant de 1998 à 2012, un peu plus de 36 000 accidents (soit un peu moins de 0,2% du trafic) ont été recensés, 68% sont matériels, 0,25% mortels (95), 2,6% avec des blessés graves (946) et 29% avec des blessés légers.

Au fil des ans, avez-vous constaté une évolution du comportement des conducteurs ?

Les conducteurs ont réduit leur vitesse, en raison certainement de la mise en place des radars automatiques et des nombreux contrôles de vitesse avec interception. En revanche, de nouveaux comportements accidentogènes sont apparus comme l’usage du téléphone portable au volant et autres « distracteurs ». Au-delà des comportements individuels, si les automobilistes sont blessés plus légèrement en raison de la sécurisation croissante des véhicules (ABS, airbag, EPS, etc.), le nombre d’utilisateurs de deux-roues motorisés ayant fortement augmenté, ces derniers sont majoritairement victimes des accidents corporels.

    Le comportement des usagers du périphérique diffère-t-il entre le jour et la nuit?

Bien que cette artère soit congestionnée le jour, la vitesse excessive demeure la cause principale des accidents car elle s’entend comme une vitesse inadaptée eu égard aux circonstances. Le changement de file sans précaution, deuxième cause d’accidents, est particulièrement présent le jour. La nuit est propice aux grands excès de vitesse, parfois conjugués à l’absorption d’alcool et/ou de stupéfiants. En 2012, 56 opérations de nuit ont été organisées sur le boulevard périphérique ; 2 007 infractions à la vitesse ont été relevées dont 241 de plus de 50km/h au-dessus de la vitesse autorisée, soit 12% du total. 83 conducteurs ont été dépistés positifs à l’alcoolémie et 30 aux stupéfiants.

La vidéoprotection s’est développée ces dernières années notamment à Paris mais le périphérique est depuis longtemps équipé de caméras, quel est leur apport ?

Il s’agit plus d’un rôle de prévention que de répression, elles nous permettent de localiser tout événement survenant sur le périphérique et d’envoyer les patrouilles sur site avec précision. 103 caméras équipent le périphérique auxquelles s’ajoutent 35 caméras dites DAI, c’est-à-dire de détection automatique d’incidents, qui sont implantées dans les trois tunnels de plus de 300m.

Si vous sillonnez le périphérique avec l’appui des caméras, vos véhicules y circulent également. Combien de kilomètres parcourent-ils chaque année ?

La moyenne annuelle est de 500 000 kilomètres, ce qui revient à faire le tour du périphérique à plus de 14 269 reprises ou 78 fois le tour de la Terre !

Scènes de vie sur le périphérique

Gilles TIRAN revient sur quelques moments de l’histoire du périphérique, douloureux ou heureux, drôles ou surprenants.

Périphérique endeuillé

L’un d’eux remonte à la nuit du 19 au 20 février 1991, notre collègue Catherine CHOUKROUN, gardienne de la paix âgée de 27 ans, en fonction dans ce qui était encore la compagnie du périphérique, se trouvait en mission de contrôle radar débarqué porte de Clignancourt (18e) lorsqu’elle a essuyé une série de tirs et en est décédée. Trois personnes ont été interpellées et inculpées 10 ans après les faits, elles avaient décidé « de se faire un flic ».

Très récemment, et tout aussi douloureux, nous avons dû intervenir entre les portes de Clignancourt et de la Chapelle (18e) pour un accident mortel impliquant des effectifs de la BAC nuit de Paris et un puissant 4×4 venu percuter le véhicule de police à plus de 150km/h. Le conducteur du 4×4 était en récidive de défaut de permis de conduire et sous l’emprise de l’alcool, il venait en outre de commettre plusieurs infractions au code de la route. Deux policiers sont morts et un troisième a été grièvement blessé.

Végétariens, s’abstenir !

Autre histoire marquante mais bien moins tragique : le 12 octobre 2007, à 5h38, nous sommes avisés que le conducteur d’un poids lourd de plus de 40 tonnes a eu un accident matériel sur l’A13 au niveau du viaduc de Saint-Cloud, sens province-Paris, mais qu’il a poursuivi son chemin. Néanmoins, le choc a provoqué une ouverture partielle du hayon de sa benne et des carcasses de viande avariée en putréfaction se déversent de celle-ci. Ce n’est qu’arrivé à hauteur de la porte d’Auteuil (16e) que le conducteur réalise ce qu’il se passe. Paniqué, il fait demi-tour porte de la Muette (16e) et s’engage sur le périphérique extérieur vers l’A13 pour regagner le siège de sa société basée dans l’Orne ! En tout, ce sont 25 tonnes de viandes qui se sont répandues sur la chaussée. Il a fallu recourir à de très gros moyens de voirie pour le nettoyage et ce n’est qu’à 18h20 que la circulation a pu être rétablie.

Clef des champs

Plus sympathique, ces poneys qui se sont échappés du centre équestre de la Cartoucherie dans le bois de Vincennes (12e) le 23 janvier 2010 à l’heure du déjeuner. Après un passage sur l’A4, ils sont localisés sur le périphérique extérieur au niveau de la porte Dorée (12e). Ils le quittent porte de Vincennes (12e) et se dirigent instinctivement vers le bois de Vincennes. En moins d’une heure, tout était rentré dans l’ordre sans qu’aucun véhicule ne percute les poneys.

Mariage encombrant

Plus proche de nous, et qui a défrayé la chronique en juin dernier, les véhicules d’un cortège de mariage qui ont sciemment bloqué le périphérique, s’arrêtant en pleine voie, un des participants quittant même sa voiture pour se livrer à des pas de danse. Il a d’ailleurs été interpellé pour entrave à la circulation.

Un petit bouchon naît sur le périphérique

Dans cette même catégorie des « événements heureux », le 1er février 2012, à 00h40, porte de Bagnolet (20e), une voiture du service assurait la protection d’un véhicule en panne. Un conducteur s’est porté à hauteur des policiers et leur a indiqué que sa passagère était sur le point d’accoucher. Grâce aux bons soins d’une brigadière, une petite fille est venue au monde sur cette artère avant l’arrivée des secours.

Le miracle du périphérique

Terminons par une insolite, cet homme en fauteuil roulant, repéré via les caméras implantées sur la périphérique et qui faisait la manche auprès des automobilistes au niveau de la bretelle d’accès au périphérique intérieur porte de Bagnolet (20e). Avant que nous arrivions sur place, il s’est levé de son fauteuil, l’a plié et a quitté les lieux à pied !

source PPRAMA

 

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