DELIVRANCE De Jussi Adler Olsen

Le Danemark, petit pays de cinq millions et demi d’habitants, situé entre l’Allemagne et la Suède, détient le record européen d’éoliennes installées sur son territoire. C’est aussi une monarchie avec la reine Margrethe et son mari français Henri, devenu Henrik.

Les surfeurs qui n’ont pas trop peur d’une eau un peu fraîche l’apprécient également. Depuis quelques années, des séries télévisées danoise comme « The Killing » ou « Borgen » ont fait découvrir des scénaristes de grand talent. Du côté des romans policiers, Jussi Adler Olsen a réussi à se hisser à ce niveau en devenant un best-seller mondial puisqu’il est traduit en 34 pays. A eux tous, il serait presque possible de parler de la Nouvelle Vague Danoise.

Dans « Délivrance », il faut dire que le vice-commissaire Carl Mørk du département V, en charge des affaires non résolues, ne manque pas de personnalité. Entouré du remuant Assad, un réfugié Syrien, et l’imprévisible Rose, il gère sa petite équipe en essayant d’élucider les cas qui leur sont confiés. Arrive une bouteille jetée à la mer et retrouvée en Ecosse avec, à l’intérieur, un message disant « au secours » en danois, Hjœlp. Les deux assistants se jettent sur ce mystère, mais Carl y va à reculons.

Il a bien assez à affaire entre son ex-femme Vigga et sa nouvelle conquête Mona, la psy des flics de Copenhague, sa vie privée lui laisse peu de temps libre. Petit à petit, il se laisse convaincre et découvre l’existence d’un nombre important de sectes religieuses dans le pays. Elles présentent toutes la caractéristique d’être très repliées sur elles-mêmes, ce qui pourrait expliquer, ce que le vice-commissaire avait pris au départ pour un canular.

Pour que le lecteur tienne sur les presque 700 pages, l’auteur nous fait aussi découvrir son pays avec beaucoup de personnes qui partent en Australie, l’administration avec ces cireurs de pompe qui gravissent les échelons, les problèmes d’immigration avec les différentes communautés qui se castagnent à l’occasion.

Il ne parle plus de sa 605, récupérée aux services secrets, mais simplement de sa Peugeot sans appuie-tête. Quand l’enquête lui fait traverser le fabuleux pont d’Øresund, Carl s’exclame : « La Suède ! Le pays où l’on trouve les plus gros moustiques d’Europe et la nourriture la plus insipide ». Mørk gueule contre ses chefs et n’en revient pas de l’accent du Jütland à couper au couteau d’un jeune recru. C’est un vrai flic avec deux assistants haut en couleur.

Quand ils tiennent une piste, les choses donnent l’impression d’aller très vite et c’est là, tout le talent de l’auteur, alors qu’il reste encore beaucoup de pages à lire et que Carl confie qu’il espère que cette enquête finira vite pour qu’il puisse regarder le Tour de France. C’est un roman excellemment bien écrit, servi par une très bonne traduction et qui tient le lecteur en halène, mine de rien, mais de manière redoutablement efficace. Un auteur à suivre sans modération car il nous offre une littérature policière de très haut niveau.