C’est dans un bien étrange établissement hôtelier que nous convient Didier Agrimbau et Gabriel Ippoliti…Argentine, ville de La Falda, 1937.
Situé dans la province montagneuse de Cordoba, le luxueux Eden Hôtel accueille principalement des personnes atteintes de maladies respiratoires, à l’image du petit asthmatique Ernestito Guevara, futur directeur du centre d’exécutions de La Cabana et fashion victime pour apprentis révolutionnaires. Cet hôtel est dirigé par les Eicchorn, un couple d’immigrés allemands, partisans d’Adolf Hitler. Eden Hôtel va très rapidement servir de lieu de rassemblement pour les sympathisants nazis, recrutés au sein de la communauté allemande argentine. Ernesto Guevara Lynch, le père de Che Guevara, va rallier une cellule antifasciste, Accion Argentina, qui s’est fixée pour mission la surveillance des colonies allemandes, ce qui permet au passage au lecteur de découvrir les pratiques agraires et la structure sociale de l’avant-garde allemande.
Se basant sur des faits historiques réels (Ernesto Guevara Lynch et son fils se sont vraiment rendus à l’Eden), Agrimbau et Ippoliti, argentins tous deux, nous entraînent avec réussite sur les traces de personnages historiques sur fond de comploteurs nazis. Où l’on découvre aussi qu’en 1947, si Blondie aime toujours jouer avec sa balle, Hitler a pris de la bedaine et renoncé à sa moustache…
74 pages de dessins admirablement léchés, suivi d’un entretien pertinent avec le scénariste.
Arnaud Robert.
« Eden hotel – Ernesto » par Diego Agrimbau et Gabriel Ippoliti –
Casterman éditeur – 13,75 euros