En ne dérogeant pas à la règle de souhaiter nos meilleurs vœux à nos lecteurs pour l’année 2013, nous ne faisons que réitérer un rituel à la fois planétaire et plusieurs fois millénaire. Nouvelle année et vieilles coutumes : un survol des rites de passage à travers le monde et le temps.
Lâcher-prise
A minuit lundi soir, des millions de gens dans le monde auront fait sauter les bouchons de champagne, les Français claquant la bise sous le gui, les Espagnols avalant des raisins, tandis que, juchés sur un siège, les Danois sauteront à pieds joints dans la Nouvelle Année.
La célébration du Nouvel An, l’une des traditions les plus vieilles du monde, peut revêtir maintes formes, des plus classiques aux plus folles, mais la plupart ont ceci en commun, qu’elles permettent de décompresser après une longue année de labeur. « Les mots d’ordre de cette fête sont détente et lâcher-prise », résume le sociologue Amitai Etzioni, de l’Université américaine George Washington.
« Toute l’année, les gens sont entravés par les contraintes sociales ou morales », explique-t-il. « Et puis voilà que pour un soir, toutes les normes sont suspendues, tous les paris sont ouverts, jusqu’au lendemain où tout rentrera dans l’ordre ».
Pour beaucoup, cela signifie se retrouver entre amis pour faire ripaille jusqu’au lever du soleil. Le passage d’une année à l’autre se fait volontiers à la lumière d’un feu d’artifice et au son des pétards ou d’une interprétation plus ou moins libre du célèbre refrain « Ce n’est qu’un au revoir ».
D’autres ont des habitudes un peu plus insolites, souvent assises sur des superstitions.
© Robert Henno / Biosphoto
Il est de tradition en France de s’embrasser sous le gui à la nouvelle année
Au Danemark, les gens grimpent sur des chaises et sautent à l’unisson à minuit tapant, pour faire fuir le mauvais sort. Les Danois jettent aussi des assiettes à la porte de leurs amis : plus il y a de débris, plus vous avez d’amis.
Les Espagnols avalent douze grains de raisin, au rythme des douze coups de minuit pour être certains de passer une bonne année. Les douze grains symbolisent chaque mois de l’année.
Aux Philippines, les fêtards portent des vêtements à pois censés porter chance. Dans certains pays d’Amérique du Sud, ce sont les sous-vêtements de couleurs vives qui conjurent le mauvais sort : ils seront rouges pour être heureux en amour et jaunes pour la réussite financière.
En Finlande, le Nouvel An est marqué par une curieuse pratique : on verse du plomb fondu dans de l’eau froide et, selon la forme prise par le métal refroidi, l’année sera bonne ou mauvaise.
Mars en janvier
Selon les historiens, le passage à la nouvelle année est célébré depuis plusieurs millénaires. Des centaines d’années avant Jésus-Christ, les Romains marquaient déjà le Nouvel An d’une manière semblable à la nôtre, mais en mars.
« La nouvelle année a toujours été un jour important à Rome », souligne l’historien français Jean Scheid, du Collège de France. « C’était un jour de fête publique. Les gens passaient la journée à jouer, manger et boire ». La coutume s’est ensuite répandue dans l’Empire romain.
Ce n’est pourtant qu’en -46 avant J.C. que Jules César introduit le calendrier moderne et fait du 1er janvier le début officiel de l’année.
L’Europe médiévale, cependant, préférait célébrer la nouvelle année à des dates ayant une signification religieuse, y compris Noël.
En 1582, le pape Grégoire XIII a remplacé le calendrier julien par le calendrier grégorien, corrigeant les incohérences mathématiques. La plupart des pays catholiques ont alors adopté ce calendrier et son Premier Janvier, mais les pays protestants ne s’y sont mis que progressivement.
La plupart des pays du monde ont aujourd’hui adopté le 1er Janvier comme le premier jour officiel de l’année nouvelle, mais le Nouvel An orthodoxe, qui suit toujours le calendrier julien, tombe le 14 Janvier, tandis que le Nouvel An chinois, déterminé en fonction de la position de la lune, peut tomber n’importe quel jour entre le 21 janvier et le 20 février. Cette année, cela sera le 10 février.
source A.F.P