Les résultats de l’étude Deloitte Women at the Wheel tracent la route pour 2026.
À l’heure où la filière automobile bascule vers l’électrification, le logiciel embarqué et la connectivité, Deloitte publie Women at the Wheel 2025, une analyse dédiée au secteur qui combine une enquête internationale (octobre–décembre 2024) et des entretiens avec des acteurs clés de toute la chaîne de valeur.
Réalisée auprès de près de 600 répondants issus des constructeurs (FEO), des équipementiers et des réseaux de distribution, l’étude met en exergue
- Identifier les enjeux et opportunités des femmes dans la filière automobile
- Incarner un nouveau modèle de leadership
- Activer les leviers, dont la flexibilité au travail
Elle souligne également un paradoxe : la prise de conscience de l’importance de la mixité progresse, mais la parité dans les instances dirigeantes des entreprises automobiles reste lointaine.
À l’échelle mondiale, 68 % des répondants jugent les femmes sous-représentées dans les instances dirigeantes ; en France, 80 % des répondants considèrent que les femmes sont sous-représentées. Si les niveaux de réussite en matière d’égalité hommes-femmes varient d’un pays à l’autre, la filière automobile dans son ensemble reste confrontée à des défis de taille. Des politiques de travail rigides qui ne tiennent pas compte des différents engagements personnels et un manque de responsabilisation quant aux objectifs de mixité contribuent à un sentiment de stagnation. Au-delà du diagnostic, l’étude Deloitte propose une feuille de route opérationnelle pour la filière automobile, de la généralisation du parrainage/mentorat à la transparence des promotions, en passant par l’alignement mesuré des dirigeants sur des objectifs de mixité plus concrets.
Des progrès qui plafonnent encore
Après une décennie de promesses, les avancées plafonnent. Interrogés sur l’évolution des attitudes à l’égard des femmes au cours des deux dernières années, seuls 13 % constatent des changements « positifs notables ». Cette stagnation renvoie à des freins persistants : manque de rôles modèles visibles, biais inconscients, politiques RH trop rigides et responsabilisation inégale des managers.
La transformation technologique propre à l’automobile reconfigure aussi les trajectoires professionnelles. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, l’instabilité géopolitique et la volatilité économique créent un sentiment d’incertitude et d’instabilité au sein de la filière. Les personnes interrogées craignent que ces perturbations entraînent des pertes d’emploi, des perspectives de carrière réduites et un avenir plus incertain, particulièrement chez les 25–35 ans : 21 % se disent en manque de préparation pour faire face à la transformation de la filière, contre 16 % tous âges confondus. En France, 28 % seulement se déclarent « très préparés » selon l’étude. Les besoins formulés par les répondants portent sur une meilleure visibilité des technologies et des compétences requises, un accès rapide à des apprentissages concrets et davantage de coopération entre acteurs de l’écosystème. Les priorités les plus citées incluent une meilleure vision des technologies nouvelles (17,5 %), la compréhension des nouveaux entrants (14,2 %) et des rôles à venir (14,0 %).
Pourtant, l’opportunité est réelle. La filière automobile reconnaît de plus en plus la corrélation positive entre la mixité et l’amélioration des performances de l’entreprise. L’évolution de carrière limitée et les structures de travail rigides constituent des obstacles importants à la réalisation d’une véritable égalité hommes-femmes dans la filière. L’étude souligne que les blocages qui poussent les femmes à quitter la filière restent trop souvent structurels : perspectives d’évolution insuffisamment claires, rémunérations perçues comme pénalisées et organisation du travail peu adaptable aux contraintes de la vie personnelle.
Les données de l’étude Deloitte confirment le rôle clé de l’organisation du travail. La flexibilité est corrélée à de meilleures expériences et à la fidélisation des talents, quand les modèles traditionnels « 9h–17h » pèsent sur la progression de carrière, et les structures rigides augmentent le stress et l’épuisement personnel. À l’inverse, la flexibilité du travail est associée à des trajectoires plus favorables. 55 % des répondants jugent que les politiques de flexibilité au travail ont eu un impact positif sur leur carrière.
Une feuille de route concrète pour créer une filière plus équitable
Sur la base des retours du terrain, Deloitte formule des recommandations plus concrètes pour les entreprises de la filière. Celles-ci doivent désormais adopter des politiques autour du travail leur permettant de créer un lieu de travail véritablement équitable.
Le parrainage et le mentorat arrivent en tête des facteurs de réussite pour l’accès des femmes aux postes de direction au sein de la filière (67 %), devant la lutte contre les préjugés sectoriels (65 %), le développement des compétences de leadership et un environnement de travail flexible (58 % chacun), ainsi que l’évolution des normes culturelles et un meilleur soutien managérial. Côté leadership, les qualités les plus recherchées pour un « dirigeant accompli » sont les compétences interpersonnelles, la fiabilité, l’assurance, le savoir-faire managérial et la connaissance du secteur. A noter que la France se distingue par une valorisation accrue de l’« habileté politique » pour naviguer des transformations impliquant usines et R&D.
En conclusion, l’étude appelle à passer à l’action : accroître la présence de femmes aux postes de direction et lutter contre les stéréotypes, favoriser la solidarité à tous les niveaux de l’organisation et prendre des engagements publics. En somme, seules des actions coordonnées et portées par toute la chaîne de valeur permettront d’ancrer durablement la mixité comme avantage compétitif du secteur.
« L’avenir de la filière repose sur sa capacité à attirer, faire grandir et fidéliser tous les talents. La mixité est un choix stratégique pour plus d’innovation, renforcer la résilience et créer de la valeur durable pour tout l’écosystème », déclare Lucie Vermeulen-Cavrois, Associée, Deloitte France.
« L’automobile vit une transition historique. Mettre la diversité au cœur des décisions industrielles, technologiques et commerciales est un avantage compétitif », ajoute Guillaume Crunelle, Associé, Automotive Sector Leader, Deloitte France.
