« Moi je crois que plus on s’abîme, plus on est beau ».
Le drame et la poésie s’invitent naturellement quand est évoquée la figure de cet acteur culte du cinéma français décédé à 35 ans après avoir joué dans 37 films et 27 pièces de théâtre. Un après-midi d’été de l’année 1982, chez lui face à un miroir, il se saisit de son fusil .22 Long Rifle, l’enfonce dans sa bouche et tire.
Patrick Dewaere incarne l’idée de l’artiste écorché vif, dévoré par une existence intense et instable. De son enfance complexe et douloureuse, à son ascension en tant qu’acteur en passant par ses rencontres, ses amours et sa mort, ces pages content son histoire. C’est aussi un « voyage »parfois à la limite du fantastique, hanté par la fureur et la mélancolie.
Notre avis:
La figure de Patrick Dewaere, acteur emblématique du cinéma français, continue de fasciner. Sa carrière fulgurante, son talent brut et sa fin tragique ont marqué les esprits. C’est à cette icône tourmentée que la bande dessinée « À part ça la vie est belle » rend un hommage poignant et singulier.
Loin d’être une biographie exhaustive, cet album offre une immersion dans l’univers intime de l’acteur, se concentrant sur ses pensées, ses doutes et ses fulgurances, tels qu’il les aurait confiés dans un carnet. Laurent-Frédéric Bollée ne cherche pas à raconter chronologiquement la vie de Dewaere, mais plutôt à capturer son essence, ses humeurs et sa sensibilité à fleur de peau. Le titre lui-même, « À part ça la vie est belle », est une citation attribuée à l’acteur, emblématique de son humour noir et de son désespoir teinté d’ironie.
Le style graphique est au service de cette approche. Le trait, souvent jeté, parfois fiévreux, évoque la spontanéité et la fragilité de Dewaere. Les couleurs, tantôt sombres et mélancoliques, tantôt vives et expressives, reflètent les montagnes russes émotionnelles que l’acteur a traversées. L’absence de cases traditionnelles et la mise en page aérée contribuent à créer une atmosphère onirique, presque hallucinatoire, où les souvenirs et les réflexions de Dewaere se mêlent.
« À part ça la vie est belle » est une bande dessinée qui ne s’adresse pas uniquement aux inconditionnels de Patrick Dewaere, mais à quiconque est sensible aux destins d’artistes complexes et aux récits introspectifs. C’est un portrait fragmenté, sensible et profondément humain d’un homme qui, malgré la souffrance, cherchait une forme de beauté dans l’existence. L’album invite à une réflexion sur la célébrité, la fragilité de l’âme et la persistance du mythe.
En fin de compte, Laurent-Frédéric Bollée réussit le pari audacieux de faire revivre Dewaere non pas par le prisme de sa légende médiatique, mais à travers la porosité de son âme, offrant ainsi une vision intime et touchante de cet acteur dont la vie fut aussi bouleversante que son talent.
