Chaussées, pistes cyclables et trottoirs… des tensions croissantes existent sur l’espace public de mobilité, plus particulièrement en agglomération. L’essor en ville des trottinettes électriques et du vélo contribue notamment à accentuer des conflits d’usage de la voie publique.
À la suite de la mort d’un cycliste tué volontairement par un automobiliste, à Paris en octobre 2024, une mission a été confiée à l’Inspection générale de l’administration et à l’Inspection générale du développement durable. Le rapport de la mission intitulé « Prévenir les violences et apaiser les tensions pour mieux partager la voie publique« , a été remis le 28 avril 2025.
Des causes de tensions multiples entre usagers de la route
D’après le rapport, les tensions entre usagers de la route dépendent de facteurs comme :
- le profil psychologique des conducteurs ;
- les représentations culturelles et sociales associées aux mobilités ;
- les opinions politiques.
Le lien entre densité et tensions sur la route est bien documenté. Selon le rapport : « Ces tensions sont exacerbées dans les zones urbaines plus denses où les interactions entre usagers sont plus nombreuses ».
Si la part du vélo en France est estimée à environ 5% (inférieure à la moyenne de l’Union européenne – UE : 8%), elle connaît un véritable essor, surtout en ville. Cela implique une proportion importante de cyclistes néophytes (13% selon une enquête datant de 2019). Lors des entretiens conduits par la mission, les difficultés que peuvent poser les « néo-cyclistes » dans l’usage partagé d’une voirie cyclable ont souvent été mentionnées.
La palette des bicyclettes en circulation a gagné en diversité : le traditionnel « vélo musculaire » cohabite désormais avec des vélos à assistance électrique, des vélos pliants, des vélos-cargos… Tous les nouveaux modes de transport « contribuent à brouiller les différences (en termes de poids, de vitesses) entre mobilités actives et motorisées ».
La dynamique de transformation des espaces urbains fait aussi augmenter la part des piétons.
Conséquence de ces évolutions, « le primat de l’automobile dans les agglomérations tend à être remis en cause, à mesure que l’espace dédié à sa circulation et son stationnement sont partagés ou réduits au profit d’autres modes ».
En même temps, l’augmentation constante de la taille et du poids moyens des voitures pose problème en ville.
Quelles sont les mesures préconisées par le rapport ?
Afin d’apaiser les tensions et prévenir les violences liées à la circulation sur la voie publique, le rapport formule 40 recommandations dont 18 sont considérées comme prioritaires.
Il s’agit notamment de :
Mettre à profit l’apprentissage et la formation
- en généralisant dans toutes les écoles le dispositif « savoir rouler à vélo » ;
- en évaluant la capacité d’un collégien à pédaler et à manier un vélo dans le cadre du brevet des collèges ;
- en permettant l’utilisation du compte personnel de formation (CPF) pour des formations d’apprentissage au vélo ;
- en sensibilisant les candidats au permis de conduire à l’insécurité que peut provoquer une voiture pour un cycliste (effet de souffle) ;
- en vérifiant lors de l’épreuve de conduite la connaissance de l’ouverture de la portière « à la hollandaise » (ouverture de la portière avec la main opposée, permettant par le mouvement du buste et de la tête qu’elle implique, de détecter l’arrivée d’un cycliste venant de l’arrière).
Développer des infrastructures de qualité
- en contrôlant la stricte application de l’obligation faite aux collectivités locales de mettre en place des itinéraires cyclables lors de la réalisation et de la rénovation de voies urbaines ;
- en créant une obligation de mettre au point des itinéraires cyclables sur les voies interurbaines « afin de réduire la facture territoriale existant entre les zones urbaines, périurbaines et rurales » ;
- en expérimentant des dispositifs d’aménagements légers et modulables avant de construire des infrastructures permanentes ;
- en unifiant à l’échelle nationale la couleur des pistes cyclables, des « sas vélo » et la signalisation des double sens cyclables.
Clarifier et simplifier certaines règles
- en modifiant la règle du dépassement d’un cycliste par un véhicule à moteur, en prévoyant que, sur une route disposant d’au moins deux voies, le véhicule à moteur doit franchir complètement la ligne médiane ;
- en rendant obligatoire la création d’au moins une zone limitée à 30 km/h dans chaque agglomération ;
- en engageant une réflexion en vue de déterminer une limite de vitesse sur les pistes cyclables.
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Source Vie-publique