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Dakar 2025: Quintero, la seconde pour une seconde !

En prenant beaucoup de hauteur, c’est sur une ligne droite ouest-est qu’a été tracée la spéciale du jour, comprenant 428 km à cheval sur les provinces d’Alula et de Hail. Puis on rétrécit le cadre et on réalise que les pilotes et équipages ont droit à une étape particulièrement variée, avec autant de pistes sablonneuses et roulantes que de passages rocailleux, par moments volcaniques, incitant à la retenue. À hauteur de pilote, on fréquente par exemple des créatures rocheuses aux allures lugubre ou avenante, c’est selon, mais qui ne donnent jamais une indication claire sur la direction à choisir. La navigation est restée délicate sur la dernière partie de la spéciale, où il a également été question de ménager ses pneus sur les gros graviers. Luciano Benavides n’est tombé dans aucun de ces pièges pour dominer l’étape sur deux roues, ni Seth Quintero, qui s’impose pour la deuxième fois de la semaine avec une seconde d’avance sur Nasser Al Attiyah, de nouveau dans le match.

L’Essentiel

  • C’est le retour de Luciano Benavides, qui n’avait plus gagné d’étape sur le Dakar depuis 2023, son année la plus faste. Adrien Van Beveren est privé de cette spéciale par une pénalité pour excès de vitesse, mais remonte à la 4e place du classement général.
  • La position au sommet de Daniel Sanders n’a jamais été menacée. L’Australien va pouvoir savourer sa journée de repos, avec 6’52’’ d’avance sur Tosha Schareina et 17’38’’ sur Ross Branch. KTM, Honda et Hero sont représentés sur le podium provisoire.
  • Après une journée de galère, Nasser Al Attiyah a montré son vrai visage pour reprendre sur la piste plus de dix minutes à tous ses rivaux actuellement positionnés sur le podium. Mais c’est exactement la sanction dont il a écopé pour avoir rejoint le bivouac avec une roue de secours manquante. Dès lors, l’étape revient au Californien Seth Quintero, avec un avantage infime d’une seconde pour arracher son deuxième succès dans la catégorie reine.
  • Henk Lategan garde l’avantage au général avec 10’17’’ d’avance sur Yazeed Al Rajhi et 20’54’’ sur Mattias Ekstrom. Le pilote qatarien, qui devra attendre pour offrir à Dacia son premier succès sur le Dakar, se poste plus loin derrière, à 35 minutes du leader sud-africain.
  • Yasir Seaidan s’impose pour la première fois de sa carrière en Challenger en arrivant à Hail. Le Saoudien a perdu toute chance de victoire finale mais veut continuer d’exister. Nicolas Cavigliasso a pris le large et profite des problèmes de Corbin Leaverton. Il a maintenant 28 minutes d’avance sur Gonçalo Guerreiro, son premier poursuivant.
  • En SSV, « Chaleco » Lopez court lui aussi après les victoires d’étapes, et s’en offre une deuxième, avec 20 minutes d’avance sur Heger Brock. L’Américain n’en prendra pas ombrage, il reste le leader à la journée de repos, avec 1h21’ d’avance sur son coéquipier chez Polaris Xavier de Soultrait.
  • Martin Macik est imperturbable au volant de son camion, le plus rapide pour la troisième fois depuis le départ de Bisha. Les reflets de Ales Loprais puis de Vaidotas Zala ont totalement disparu de son rétroviseur. Son premier poursuivant, Michel van den Brink, roule à plus de deux heures derrière lui.

Un retour en arrière de quelques jours s’impose, histoire de revivre un gentillet épisode de chambrage signé Nasser Al Attiyah, et dont Seth Quintero avait été la cible. « Cette course est faite pour des gars d’expérience, les jeunes vont devoir attendre leur tour », avait lancé l’ancien au gamin. C’est sur la piste que le pilote Toyota a apporté la réponse la plus pertinente qui soit, en s’imposant sur la première étape du Dakar. Entre temps, il a connu trop de déboires pour espérer prétendre aux plus hauts honneurs en fin de course, mais a été l’auteur d’une démonstration sur la route de Hail pour aller gagner une nouvelle spéciale. Le scénario est d’autant plus cocasse que Quintero devance précisément Al Attiyah d’une seconde au classement du jour, et que le battu in extremis n’a pas été relégué par sa vitesse, mais par une pénalité. La jeunesse est bel et bien en marche : sachant que le garçon de 22 ans a déjà remporté 20 spéciales dans son ancienne vie en Challenger, son total est déjà impressionnant. À ce rythme, l’Américain pourrait rapidement venir concurrencer Al Attiyah dans les statistiques. Il n’attendra peut-être pas l’âge de 40 ans, comme l’a fait Nasser en 2011, pour soulever son premier touareg. Les paris sont ouverts.

Corbin Leaverton entretenait l’objectif de monter sur le podium du Dakar en Challenger dès sa première apparition. Le Californien avait signé une excellente entame de course, remportant le prologue avant de finir les quatre premières étapes dans le Top 5. La cinquième a été fatale à ses ambitions. Celui qui occupait la 2e place du général a connu sa première mésaventure de la semaine, un problème mécanique au kilomètre 172. Un sort semblable a frappé son comparse Hunter Miller plus loin dans la spéciale. Le rookie de la catégorie SSV figurait lui au 9e rang de sa catégorie. Une autre américaine, Sara Price, a aussi été freinée dans son effort. Éliminée de la course à la victoire finale, elle avait celle de l’étape SSV à portée de volant, avant de devoir s’arrêter à 45 kilomètres de l’arrivée. Les trois compatriotes auront la journée de repos pour digérer, puis la deuxième semaine pour prendre leur revanche.

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Les concurrents ont avalé 428 km aujourd’hui, une spéciale exigeante où chaque seconde a compté. Et ça, Nasser Al Attiyah peut le confirmer. Le pilote de l’équipe Dacia Sandriders a été le plus rapide à franchir la ligne d’arrivée, avec un temps de 4h22’54 », avant de recevoir une pénalité de 10 minutes. Seth Quintero s’impose donc pour… une seconde seulement ! Un écart minime pour près de 4h25’ de course, qui représente une distance d’environ 27 mètres. Pour mieux s’en rendre compte, cela correspond à l’équivalent d’une caravane de 6 Dacia Sandriders alignées bout à bout. Serré, vous dites ?

Yazeed Al Rajhi : « la première semaine la plus dure de ma carrière ». Yazeed Al Rajhi, 5e du jour derrière Henk Lategan le leader à mi-course, perd du terrain sur le Hilux TGR South Africa au général. Mais le Saoudien est en embuscade en 2e position du général à 10’17’’ du Sud-Africain.

 « L’étape n’a pas été facile. Nous avons ouvert la spéciale jusqu’au kilomètre 200 environ, sans prendre de risques car nous avions un petit bruit qui provenait de l’arrière de la voiture que l’on devait ramener en un seul morceau jusqu’au bivouac. La première semaine a été la plus dure de ma carrière sur le Dakar. Toutes les étapes étaient longues, dures et difficiles partout. L’année dernière j’étais en tête de la course jusqu’à la veille de la journée de repos. Aujourd’hui, nous sommes proche de la tête avec 7 minutes de retard, ce qui n’est rien. Dans les dunes, nous sommes capables de faire très bien. »

En retrait au général, Seth Quintero le vainqueur du jour, n’en baisse pas moins les bras. Bien inspiré par les exemples récents de Nasser Al Attiyah et Yazeed Al Rajhi, pas plus tard que sur le Dakar 2024, le kid se lance dans une chasse aux points d’étape. Avec ses deux victoires et son podium dans l’étape d’avant-hier (2e concurrent W2RC), le Californien a déjà mis une option sur 14 points. C’est exactement le gain avec lequel Yazeed Al Rajhi était reparti l’an dernier à ce stade de la course, Nasser Al Attiyahquittant le Dakar deux jours plus tard avec 18 points. En fin de saison, le Qatarien et le Saoudien ont accédé au trône suprême et à celui de dauphin. Tous les espoirs restent permis. D’autant que si Quintero s’en reporte à sa propre expérience : en n’engrangeant que 5 points d’étape sur le Dakar l’an passé pour sa première saison en Ultimate, l’officiel Toyota avait achevé sa saison initiatique chez les T1+ au 6e rang mondial. À 22 ans, Seth a le discours mature : « la première semaine a été plutôt bonne pour nous avec une victoire et deux deuxième places, mais aussi avec 40 minutes de perdues sur la 48h Chrono et les crevaisons d’hier. L’un dans l’autre ce n’est pas mal, on a pris de gros points, il faut aller de l’avant maintenant. »

L’air de rien, le Classic a déjà ses statistiques. Au sommet des vainqueurs d’étapes, Carlos Santaolalla est arrivé à Bisha avec 9 victoires au compteur de son HDJ 80. Il en compte déjà 2 de plus, soit 11. Juan Morera qui a ouvert les débats cette année possède 5 étoiles. Lorenzo Traglio 4 en comptant celle acquise avant-hier. Aujourd’hui, Carlos et Lorenzo se sont retrouvés à égalité de points sur la liaison de retour, forçant les officiels à ouvrir le règlement pour connaître la subtilité qui permettra de départager ce soir au podium de remise des prix celui qui pourra compter jusqu’à 12 si la victoire revient au tenant du titre Santaolallaou jusqu’à 5 si elle est décernée à son dauphin 2024 Traglio. Dans ce second cas, l’Italien égalera le pilote Porsche Morera. Les spécialistes du Classic forgent leur légende.

Photos© A.S.O. / DPPI

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