Sur l’emblématique avenue Montaigne, le Plaza Athénée cultive depuis plus d’un siècle l’art de recevoir à la française, alliant héritage architectural et innovations contemporaines.
Le Plaza Athénée appartient à cette rare catégorie d’hôtels qui transcendent leur simple fonction d’hébergement pour devenir des institutions culturelles. Depuis son ouverture en 1913, cet établissement mythique incarne l’élégance parisienne dans ce qu’elle a de plus raffiné. Ses façades haussmanniennes ornées de géraniums rouges, ses balcons qui offrent une vue imprenable sur la tour Eiffel, son lien historique avec la haute couture à travers Christian Dior – qui installa sa maison en face en 1947 – en font bien plus qu’un palace : une véritable légende vivante du luxe français.
Fleuron de la prestigieuse Dorchester Collection, le Plaza Athénée continue de se réinventer tout en préservant son âme unique, comme en témoigne la récente rénovation de ses chambres par l’agence Moinard et Bétaille. Entre tradition séculaire et modernité assumée, l’établissement cultive un art de vivre qui séduit les voyageurs les plus exigeants du monde entier, ainsi que d’importantes productions télé en quête de l’inimitable glamour à la française.
Une histoire écrite en lettres d’or
En remontant l’avenue Montaigne, je ne peux m’empêcher de sourire en apercevant la façade du Plaza Athénée. Ces géraniums rouges qui cascadent des balcons sont devenus une signature, presque un symbole de Paris. Mais en ce 20 avril 1913, lorsque l’hôtel ouvre ses portes, rien ne laisse présager qu’il deviendra l’une des adresses les plus prisées de la capitale. Jules Lefebvre, l’architecte visionnaire, dessine alors seize chambres par étage et quelques appartements au dernier niveau. Les Années folles battent leur plein, et le Plaza devient rapidement le rendez-vous post-spectacle incontournable, accueillant compositeurs et artistes.
L’histoire s’accélère en 1936 avec l’ouverture du Relais Plaza, dont le décor art déco signé Constant Lefranc continue d’enchanter les convives. Mais c’est en 1947 que se noue l’une des plus belles histoires d’amour du quartier : Christian Dior installe sa maison de couture au 30 avenue Montaigne, initiant une relation privilégiée entre mode et hôtellerie qui perdure aujourd’hui à travers le Dior Spa. Au fil des décennies, sous la direction de personnalités marquantes comme Paul Bougenaux ou François Delahaye, l’établissement n’a cessé de se réinventer tout en préservant son authenticité.
Dans la galerie librairie de l’établissement, un nouvel ouvrage a d’ailleurs fait son apparition : Plaza Athénée, aux éditions Assouline. Le premier ouvrage de la collection dédié à un hôtel. Écrit par Marc Lambron, écrivain et membre de l’Académie française, et illustré par le photographe Oliver Pilcher, le livre est un magnifique témoignage de l’unicité du lieu, de son énergie et de la fascination qu’il suscite.
Une architecture entre ciel et pierre
En franchissant la porte tambour gravée des quatre saisons, je pénètre dans un univers où chaque détail architectural raconte une histoire. Le lobby aux formes arrondies évoque d’emblée l’univers de la haute couture, prélude parfait à la découverte des lieux. La mosaïque au sol, disposée en rayons de soleil et ponctuée de cabochons noirs, dialogue harmonieusement avec le grand lustre central. Les colonnes en marbre rose soutiennent avec élégance ce premier tableau d’une symphonie architecturale qui se déploie sur huit étages.
La Galerie, véritable colonne vertébrale de l’hôtel, impressionne par son travail sur la lumière. Celle-ci ne varie pas seulement au fil du jour, elle se love dans les lustres en platine et se reflète dans les motifs dégradés des tapis. Les architectes d’intérieur Bruno Moinard et Claire Bétaille ont su préserver l’âme des lieux tout en leur insufflant une modernité subtile. La nature s’invite délicatement dans le décor : branches de lustres en forme de feuillages, feuilles d’acanthe autour des pieds de lampes, motifs végétaux brodés sur les coussins.
Des espaces privés comme des écrins
Les 208 chambres et suites du Plaza Athénée se déclinent en véritables appartements privés, chacun avec sa personnalité propre. Je découvre d’abord une Suite Eiffel Haute Couture, sublime écrin où l’harmonie de gris et rose dialogue avec des moulures raffinées. Les coussins, brodés dans les célèbres ateliers Lesage, témoignent d’un souci du détail poussé à l’extrême. Mais c’est la vue sur la tour Eiffel qui vole la vedette, presque irréelle dans son cadrage parfait.
Au septième étage, récemment redécoré par Moinard-Bétaille, l’ambiance change radicalement. L’art déco s’exprime ici dans sa version la plus contemporaine : bois clairs, verres transparents, couleurs chatoyantes. Les suites offrent des surfaces généreuses où la lumière naturelle règne en maître. Je note avec amusement les petits détails qui font la différence : un tourne-disque avec une sélection pointue de vinyles, des fruits frais renouvelés quotidiennement, un minibar élégamment dissimulé. La Suite Royale, joyau de 450 m2 au cinquième étage, pousse le luxe à son paroxysme avec ses quatre chambres et sa vue panoramique sur Paris.
Une autre particularité du Plaza Athénée est son spa Dior rénové en 2023. Plus qu’un simple espace bien-être, le sanctuaire incarne la philosophie holistique de la maison Dior, considérant chaque visiteur dans sa globalité – physique, émotionnelle et psychologique. Repère des soins high-tech et des gestes experts, il s’impose comme la retraite parisienne wellness par excellence, promettant une transformation immédiate et durable à travers des expériences sensorielles uniques et personnalisées. À en juger par l’expérience vécue au spa Dior du Lana à Dubaï, il est aisé de croire en la promesse.
Une galaxie gastronomique
Le Plaza Athénée a toujours placé la gastronomie au cœur de son identité. Depuis 2021, c’est Jean Imbert qui orchestre l’ensemble des cuisines, apportant sa vision contemporaine tout en respectant l’héritage des lieux. Son restaurant gastronomique éponyme, décoré d’une étoile Michelin, seulement neuf semaines après son ouverture, revisite le répertoire classique français avec audace. Les énoncés historiques des plats restent inchangés, laissant place à l’imagination des convives avant la surprise gustative. Mais l’inventivité d’Imbert se vit dans une décoration faite d’objets chinés et d’une présentation des desserts, orchestrée comme un spectacle autant visuel que gustatif. Une expérience qui étonne et ravit les convives, me dit-on.
Le Relais Plaza, institution art déco depuis 1936, trouve également un nouveau souffle sous la direction du chef. C’est sur ces chaises hautes que Christian Dior trouve l’inspiration pour sa jupe qui permettra aux femmes de s’asseoir en gardant toute leur élégance. Côté assiette, les recettes de Jean Imbert, inspirées de sa grand-mère, côtoient les classiques de la brasserie parisienne dans un décor préservé qui continue de faire rêver.
La Galerie, enveloppée du son de la harpe tous les après-midis jusqu’à 17h, propose une restauration continue, dont un afternoon tea d’exception signé Angelo Musa.
La Cour Jardin, entourée de ses murs végétaux et ses parasols rouges, a gardé son aura de cocon au cœur de la capitale. Restaurant, cinéma plein air, patinoire féerique l’hiver… Ce lieu indémodable ne cesse de se réinventer pour surprendre les clients et visiteurs.
Le Bar, repensé par Patrick Jouin et Sanjit Manku, offre une expérience onirique sous son plafond de volutes bleues, avec sa cave d’exception de flacons rares Dom Pérignon. L’enthousiasme de l’équipe pendant la mise en place de jour laisse imaginer de belles ambiances nocturnes.
L’excellence comme signature
En quittant le Plaza Athénée, je comprends mieux pourquoi cet établissement continue de fasciner après plus d’un siècle d’existence. Il ne s’agit pas simplement d’un palace parisien de plus, mais d’un lieu qui a su préserver son âme tout en évoluant constamment. La devise « Il était une fois le palace de demain » prend ici tout son sens : le Plaza Athénée conjugue histoire et innovation, tradition et modernité, luxe ostentatoire et élégance discrète. Une adresse qui continue d’écrire sa légende, page après page, avec une exigence jamais démentie.
Lobby principal – Plaza Athénée, Paris
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Salon de la Suite Eiffel Couture
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Détail de literie dans la Suite Eiffel Couture
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Équipement dans la penderie de la Suite Eiffel Couture
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Détail de literie dans la Suite Royale
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Salle du restaurant Jean Imbert
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Bougeoir chiné dans le restaurant Jean Imbert
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Détail mural du restaurant le Relais
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
L’entrée du Spa Dior
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Lobby du Spa Dior
Crédit photo © Hotel Plaza Athénée Paris
Pause café dans la Galerie
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Harpiste dans La Galerie
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Livre « Plaza Athénée » aux éditions Assouline
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
Le Bar repensé en une ambiance onirique
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces
La Cour Jardin – Plaza Athénée, Paris
Crédit photo © Sonia Taourghi / Journal des Palaces