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Journée de la Santé Mentale : le trouble borderline, un enjeu majeur trop longtemps ignoré

 À l’occasion de la Journée Mondiale de la Santé Mentale le 10 octobre, l’AFORPEL et son fondateur, le psychothérapeute et auteur spécialiste du trouble de la personnalité borderline, Pierre Nantas, lancent un appel urgent pour améliorer la prise en charge de ce trouble qui touche 3,5 % de la population française.

Alors qu’un tiers des personnes sera touché par des troubles psychiques au cours de sa vie, la moitié des enfants concernés n’ont pas accès aux soins. En juin 2023, Santé publique France a révélé que 13 % des enfants de 6 à 11 ans présentent un trouble probable de santé mentale, alors que le nombre de pédopsychiatres a chuté de 34 % entre 2010 et 2022. La saturation des services et les longs délais d’attente compliquent encore l’accès aux soins.

Toujours engagée dans la sensibilisation et la formation des professionnels de santé à ce trouble, l’AFORPEL organise un colloque le 16 novembre prochain au FIAP Jean Monnet à Paris (plus d’infos en fin de communiqué).       
Former les médecins généralistes

Par manque de formation, de temps et de communication, les généralistes, pourtant en première ligne, se sentent souvent peu à l’aise pour diagnostiquer les troubles psychiques.

Cette situation devrait bientôt s’améliorer grâce à la nouvelle maquette de formation du diplôme d’études spécialisées en médecine générale, publiée au Journal Officiel le 9 août 2023 et applicable dès la rentrée universitaire 2023-2024. La santé mentale figure parmi les thématiques prioritaires pour le stage libre de la phase d’approfondissement, permettant aux futurs médecins de renforcer leurs connaissances et compétences, avec l’objectif d’améliorer le suivi des patients souffrant de pathologies chroniques. Les premiers étudiants intégreront la 4e année de formation à partir de 2026-2027.

En attendant, les généralistes peuvent accéder à la rubrique « Santé mentale en soins primaires » proposée par l’Assurance Maladie, qui offre des outils de diagnostic, des recommandations de bonnes pratiques et des annuaires de spécialistes et structures d’accompagnement.
Diagnostiquer les causes pour mieux traiter les symptômes

En France, la dépression est reconnue comme l’un des troubles de santé mentale les plus répandus, alors qu’elle devrait être considérée comme le symptôme d’une cause non diagnostiquée. D’après le Baromètre de Santé publique France 2021, une personne sur huit âgée de 18 à 85 ans a souffert d’un épisode dépressif caractérisé en 2020. Plus de 15 % des femmes sont concernées, contre 9 % des hommes. La prévalence de cette maladie a fortement augmenté chez les 18-24 ans, passant de 11,7 % en 2017 à 20,8 % en 2021.

Dans le détail, 6,6 % d’entre eux présentent un « trouble oppositionnel probable », caractérisé par une humeur colérique ou un comportement querelleur, 5,6 % un « trouble émotionnel probable » ou un trouble anxieux, et 3,2 % un trouble probable de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
Pourquoi ne pas nommer un trouble qui impacte plus de 3,5 % de la population française ?

Selon le DSM V, ouvrage de référence internationale, il est probable que ce « trouble oppositionnel probable » corresponde aux comportements auto ou hétéro-agressifs des personnes atteintes de trouble borderline. Quant au « trouble émotionnel probable » ou trouble anxieux, il englobe les 8 autres symptômes du trouble borderline. Faute de temps pour établir un diagnostic différentiel, et peut-être aussi pour répondre rapidement à l’urgence des patients en crise, l’usage de médicaments psychotropes s’est largement répandu chez les plus jeunes. Un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) de mars 2023 indique qu’entre 2014 et 2021, la consommation d’antidépresseurs a augmenté de 62 % chez les enfants, et celle d’hypnotiques et de sédatifs de 155 %. Près d’un enfant sur 20 serait concerné.

Une étude de la Drees, publiée en mai dernier, révèle que le taux moyen d’hospitalisation pour tentative de suicide (geste auto-infligé), caractéristique également du trouble borderline, a progressé de 71 % entre 2021 et 2022 par rapport à la période 2010-2019 pour les filles de 10 à 14 ans, de 44 % pour les 15-19 ans et de 21 % pour les 20-24 ans. Concernant les violences sexuelles sur mineurs, les chiffres de l’AFORPEL illustrent une réalité alarmante : 62,28 % des filles et 35,32 % des garçons déclarent avoir subi des violences sexuelles (attouchements ou viols). Ces données sont d’autant plus préoccupantes qu’elles sont à l’origine de 80,35 % des cas de trouble borderline diagnostiqués.

Malgré les mesures mises en place ces dernières années, il peut encore s’écouler entre huit et dix ans avant qu’un diagnostic de trouble borderline soit posé après l’apparition des premiers symptômes. Ce retard, le déni ou la méconnaissance des traumatismes subis durant l’enfance, peuvent causer un grave préjudice aux enfants et adolescents concernés, favorisant le développement de troubles du comportement (addictions, tentatives de suicide, problèmes d’attachement, etc.), qui auraient pu être évités si les causes avaient été identifiées plus tôt.

Aujourd’hui, 52,42 % des personnes déclarent ne pas pouvoir bénéficier d’un suivi thérapeutique, souvent en raison d’un manque de moyens financiers. En effet, seules les consultations avec un psychiatre sont remboursées par la sécurité sociale, et certaines mutuelles couvrent partiellement ces frais.
Un colloque pour sensibiliser aux souffrances d’enfance

Le samedi 16 novembre 2024, l’AFORPEL et Pierre Nantas organisent un colloque au FIAP Jean Monnet à Paris. Cet événement réunira des experts en santé mentale, des professionnels de la santé, des étudiants, ainsi que des personnes atteintes de trouble borderline et leurs proches. La matinée sera consacrée à des tables rondes abordant les défis du diagnostic et de la prise en charge du trouble borderline. L’après-midi sera dédiée à des ateliers pratiques et à des groupes de parole pour mieux comprendre et gérer ce trouble.

Ce colloque offrira une opportunité unique de discuter des solutions actuelles pour améliorer la prise en charge du trouble borderline en France, tout en sensibilisant le grand public aux enjeux majeurs de la santé mentale.
INFORMATIONS PRATIQUES

Date : samedi 16 novembre 2024
Lieu : FIAP Jean Monnet, 30 rue Cabanis 75014 Paris
Inscriptions : mmoureau@gmail.com – 06 60 65 29 25
TÉLÉCHARGER LA BROCHURE DU COLLOQUE : Souffrances d’enfance

A PROPOS DE L’AFROPEL
L’AFORPEL est une association Loi 1901 fondée par Pierre Nantas, psychothérapeute, avec le soutien des Professeurs Quentin Debray et Bernard Granger, chefs des services psychiatriques de l’hôpital de jour Cochin Tarnier et Corentin Celton. Cet organisme a pour objectif de former et d’informer les professionnels de santé ainsi que le grand public sur les différents aspects du trouble borderline et les moyens d’y faire face.

L’AFORPEL propose régulièrement des visioconférences de psychoéducation animées par des professionnels de santé mentale, à destination des personnes borderline et de leurs proches. Chaque semaine, elle organise également, en visioconférence ou en présentiel, des groupes de parole anonymes pour les personnes borderline.

Pour plus de renseignements et inscriptions, rendez-vous sur le site www.aforpel.org

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