294 personnes sont mortes sur les routes de France, en octobre, soit 14 % de plus qu’en octobre de l’année dernière. Paradoxalement, le nombre des accidents mortels pour les automobilistes est en diminution. Il est, en revanche, en forte augmentation pour les cyclistes : la hausse est de 20 %… phénomène à quoi la multiplication anarchique des deux-roues n’est pas étrangère.
Un grand papier paru dans Le Parisien de ce mercredi pointe les responsables : s’il y a des morts à vélo, c’est la faute aux poids lourds. Et de mettre en avant un fait divers dramatique survenu à Paris, place de la République : un brillant trentenaire, ingénieur de Centrale Paris, y a perdu la vie sous les roues d’un poids lourd. Un cycliste modèle, celui-là : « Pas d’écouteur dans les oreilles, ni de manœuvre imprudente de la part du cycliste, bien équipé. Mais l’emplacement de l’accident, à l’angle de la place de la République et du boulevard du Temple, constitue « un “point noir”, la chaussée se resserrant au moment où la voie fait un coude. » C’était à l’heure de pointe, 8 h 45 ; il a été renversé par un camion de chantier.
Cette dramatique histoire suscite plusieurs remarques :
1) Tout d’abord, ce cycliste était… comment dire : une exception ? Oui, à n’en pas douter, du moins dans les rues de Paris où des hordes de deux-roues sillonnent les rues et les trottoirs en tout sens, la plupart sans aucun respect de la signalisation ni de qui ils côtoient.
2) Mme Hidalgo ayant considérablement réduit les voies de circulation automobile pour consacrer les grandes artères nord-sud aux piétons et aux deux-roues, ce qui reste ouvert à la circulation générale est totalement embouteillé.
3) La ville n’est qu’un énorme chantier et les rues entravées de cabanes, échafaudages, engins en tout genre rendent les déplacements extrêmement complexes pour les deux-roues comme pour les piétons.
4) Dans l’accident cité plus haut, la cause est identifiée : « Il suffit d’y rester [sur le lieu où il s’est produit] quelques instants pour constater que toutes les voitures empiètent sur la voie réservée aux vélos à cet endroit […]. D’autant plus que seule une ligne blanche matérialise la piste cyclable à cet emplacement. Il n’y a pas de séparateur en 3D. » On voudrait sans doute là aussi les gros blocs de béton et les plots jaunes qui défigurent maintenant les avenues de la capitale.
Au-delà, les coupables sont pointés du doigt : ce sont les poids lourds (bus, camions, autocars) et leurs angles morts. Pourtant, comme le rappelle le quotidien, « depuis janvier 2021, les poids lourds sont contraints d’installer des autocollants sur leur carrosserie pour indiquer aux deux-roues qui voudraient les doubler qu’ils se situent dans la zone ultra-dangereuse ». À l’évidence ça ne suffit pas, alors les associations de cyclistes voudraient davantage : per exemple, qu’on oblige ces poids lourds à s’équiper de caméras à 360°. « Mais les pouvoirs publics hésitent car ils ne veulent pas impacter des entreprises qui ont déjà souffert de la crise sanitaire », nous dit Le Parisien.
Téo Bartuccio, de l’association Mon vélo est une vie, veut aller plus loin : « Dans certains pays, les systèmes (bip, scans ou caméra) sont obligatoires », dit-il, et il voudrait « une interdiction de circuler en agglomération aux heures de pointe pour les camions qui ne seraient pas équipés ».
J’imagine, quant à moi, une solution complémentaire : par exemple, responsabiliser les deux-roues pour qu’ils ne remontent pas le long du trottoir afin de doubler par la droite un véhicule qui s’apprête à tourner ; et pour qu’ils ne fauchent pas, de la même manière, un piéton qui traverse à son tour quand eux-mêmes pédalent pour mieux griller le feu. Et puis que les motos ne remontent pas la file de bus sur la roue arrière, et puis que les mono-roues descendent des trottoirs…
source & Marie Delarue Boulevard Voltaire