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PARIS, LE LENDEMAIN DU 13 NOVEMBRE 2015.

La  vie   semble  avoir  déserté   la   ville.  Ce  soir  du  14  novembre,  une   lourde  atmosphère  pèse étrangement sur la Capitale comme si des âmes erraient en peine et en nombre sur les vivants, comme si elles attendaient un nouveau cortège de malheureux qui s’accrochent  désespérément au dernier fil de l’existence qui les éloigne de la mort.

L’espoir nous fait mentir et nous rend aveugle face à la lumière. Les mots n’ont plus de sens tant ils sont déconnectés de la réalité, ils ont un caractère « impitoyable ».

La « guerre » est entrée dans Paris a -­t­- on déclaré !

Mais la guerre a ses propres règles à commencer par celle qui permet et autorise tout. Tant les conflits ont   sombré   depuis  plus  d’un  siècle  dans  un  monde d’horreur  et  de  violence.Alors, pourquoi utiliser  ce mot dans  le  discours officiel  alors que nous ne pouvons pas moralement, juridiquement et matériellement tout nous permettre ?

Parler  de  « guerre »  est  une  erreur,  c’est   « légitimer »   ces  actes   terroristes  dans  un   rapport asymétrique entre Daesh, un État virtuel ou une organisation, et  la France, un État réel. C’est reconnaître que l’on puisse nous faire la guerre sans que nous puissions  réellement la déclarer en représailles.

La guerre, nous la faisons déjà en Syrie et en Irak. Rien de nouveau.

Ce que la France vient de subir c’est un acte de terrorisme qui n’a rien à voir avec la guerre. Une guerre peut être gagnée, elle ne mettra pas forcément fin au terrorisme, malheureusement.

La guerre est une affaire de professionnels, n’en déplaise à Clémenceau, qui doit être confiée aux militaires. Est­ ce le secret désir de notre Premier ministre pour assurer notre sécurité intérieure ?

Le pays en a­-t­-il véritablement les moyens ? Certainement pas ! Ce  que  nous  affrontons  aujourd’hui,   c’est  un   terrorisme d’un   type  nouveau  et  d’une  ampleur inégalée.

  Il   ne   s’agit   pas  de   combattre   quelques   illuminés   anarchistes  ou   d’extrême gauche comme dans les années 70 et 80, qui eux aussi se formaient à l’étranger mais s’attaquaient à des hommes ou des symboles du capitalisme.

Il s’agit d’individus qui sont prêts à tout, à commencer par mourir, ce qui n’est pas un acte anodin, en massacrant leurs prochains, ceux avec qui ils ont vécus, dans leur ville, dans leurs cités, leurs propres frères et sœurs.

Il s’agit  d’individus en rupture avec leur société et une République qui n’a pas su les garder en son sein en partageant des valeurs communes et en leur promettant un avenir raisonnable.

S’il   s’agit   d’une   « guerre »,   c’est   d’une   guerre   contre   nous  même   qu’il   convient   de  mener. Combattre  les  effets  d’un phénomène n’a   jamais  supprimé  ses  causes.   Il   faut  donc  redonner l’espoir à cette jeunesse égarée et sans doute abandonnée qui se résout à détruire ce qu’elle devrait aimer et servir des intérêts qui nous sont étrangers.

Comment des actes aussi horribles ont ­ils  pu être perpétrés ce 13 novembre 2015 ?

Si nous n’avons pas pu les prévenir, qu’en sera -t­-il demain ? Des mots, toujours des mots ! L’État sera « impitoyable », certes, mais sera-­t-­il  efficace ?

Nos services  de   renseignement  extérieurs  et   intérieurs  n’ont   rien  vu  venir  alors  que  des  moyens considérables ont  été  mis à   leur disposition.

Notre  logiciel  de prévention et  d’information n’est manifestement toujours pas adapté… C’est sans doute sur ce terrain que le gouvernement devrait s’investir car la sécurité de nos concitoyens en dépend.

Erick ORBLIN

Haut fonctionnaire territorial, Auditeur INHESJ.

 

 

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