L’histoire démarre lentement pendant les quatre-vingt premières pages et le lecteur se demande s’il est en train de lire un roman historique ou un polar. En effet, le capitaine Augusto Santamaria del Valle se débat dans une guerre coloniale dans le Rif marocain. Il se trouve avec ses hommes dans un poste avancé et l’adversaire se montre non seulement efficace mais supérieur militairement.
L’action se déroule vers 1920, mais les retours vers les années 1880 restent fréquents. Tous ses hommes seront tués et le capitaine se retrouve seul survivant avec quand même une balle dans un genou. De retour au pays, il présente ses condoléances à la fiancée d’un de ces hommes tué par l’ennemi.
Elle est désormais seule avec son gamin et Augusto décide de les prendre en charge. Il va d’ailleurs se sentir très complice avec Pedro, le petit garçon. Héros de guerre, il est nommé dans la police comme commissaire de la sureté dans un quartier de Madrid. Il épouse Helena, la veuve, et partage son logement avec elle et son petit garçon. A peine en fonction, il doit enquêter sur un meurtre commis dans une maison close de son secteur. La tenancière ne sait rien et les filles n’ont rien vu. Pourtant, le défunt avait l’air d’un bourgeois très à l’aise financièrement.
Santamaria entendra parler d’un dossier que le mort avait toujours sur lui et qui a disparu.Toutes les 700 pages qui vont suivre dépendent de ce document, qui fera faire de nombreux aller-retour au commissaire entre Madrid et Barcelone où, dès 1910, il était déjà question de séparatisme avec l’Espagne. Augusto n’a rien d’un chaud lapin. Héléna aimerait un peu d’exercice mais son mari reste de marbre. Il fera une fois l’amour avec elle parce qu’elle est habillée avec un de ses uniformes militaires et puis après, plus rien. Santamaria vit que pour son métier.
Par chance, il a un brillant second, Salvador, qui lui est dévoué corps et âme.L’enquête d’Augusto ne plaît pas à certaines personnes, alors Salvador va se faire tirer dessus et décède. Le commissaire passe du statut de héros à celui de traître devant un tribunal militaire manipulé par des politiciens. C’est qu’il a remué du lourd, le petit commissaire. Comme le livre comporte plus de 800 pages, ça laisse de la place avec plein d’histoires. Toute cette époque est très bien décrite avec un syndicaliste qui magouille avec les anarchistes, des militaires incompétents mais imbus d’eux-mêmes et des politiciens corrompus et conspirateurs au milieu d’hommes de main qui rendent des menus services.Ce roman restera atypique, très volumineux, mais pourtant passionnant.Un étonnant polar.
827 pages, Actes Sud / Actes Noires
24,00 € et 15,00 € en version numérique.
Format 24 x 14,5
Dominique LE FUR
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