La « Frise des lions » de la grotte de La Vache (Ariège)
Objet du mois présenté dans le cadre du Mois de la Préhistoire
La frise des lions et la gravure à l’époque du Magdalénien final (12 000 av. J.-C.)
Ces deux fragments d’os gravés ont été découverts dans la grotte de La Vache à Alliat (Ariège), lors des fouilles conduites par Romain Robert, assisté de Georges Malvesin-Fabre et de Louis-René Nougier, de 1940 à 1967. En 1988, les deux fragments, qui avaient été trouvés et conservés séparément, ont été raccordés par Dominique Buisson, assistant de conservation au Musée d’Archéologie nationale.
Il s’agit d’une lame d’os issue d’une côte de bison ou d’aurochs fendue et polie. Elle a été fracturée anciennement et peut-être volontairement. En effet, les cassures présentent des profils en biseau caractéristiques des objets ployés puis brisés. Le premier fragment a également été brûlé, mais il est difficile de dire si cette combustion a été intentionnelle.
Sur ces deux fragments d’os sont gravés trois lions, l’un à la suite de l’autre, formant une frise qui s’inscrit parfaitement dans la forme horizontale de la pièce. Du premier lion, situé à gauche, ne subsiste que l’arrière-train, avec la patte arrière repliée et la queue en position basse.
En revanche, le lion central est entièrement conservé. La tête est massive, avec un lourd menton, le cou et le corps sont robustes. La ligne ventrale est incisée sur le bord convexe de la pièce, ce qui donne davantage de relief au ventre. Alors que les pattes avant sont tronquées, les pattes arrière sont complètes, en pleine extension, et la queue est relevée. De nombreux détails figurent les oreilles, l’œil, le nez, la bouche et les vibrisses.
Le troisième lion se trouve sur la droite, la tête sur le premier fragment et le corps sur le second. La tête est en partie masquée par la queue du deuxième lion. Les pattes avant sont droites, tandis que les pattes arrière semblent très fléchies.
Les contours des animaux sont gravés profondément, tandis que les détails sont incisés plus finement. Enfin, la musculature et le pelage sont traités sous forme de traits courts et parallèles entre eux. Les mêmes traits remplissent les six triangles gravés au-dessus des deux premiers lions. Ces motifs, peut-être des signes, semblent traduire la volonté d’occuper toute la surface de l’objet.
La plupart des lignes qui forment les animaux s’arrêtent quelques millimètres avant un autre trait pour en respecter le tracé, ce qui donne une impression de profondeur. Chaque félin occupe trois plans différents, avec les pattes gauche, le milieu du corps et les pattes droite.
La « Préhistoire du cinéma » ?
Pour Louis-René Nougier et Romain Robert, les trois animaux qui se suivent montrent trois attitudes différentes. Le lion central est représenté en train de bondir ; le premier lion semble, lui, prendre son élan et le dernier, se réceptionner. S’agirait-il de la représentation de trois phases successives d’un même saut ? Marc Azéma précise cette interprétation : les trois images coïncideraient avec trois étapes de la course d’un félin et représenteraient donc le mouvement, avec une exactitude inégalée jusqu’à l’invention de la photographie. C’est ce qu’il appelle la « Préhistoire du cinéma ».
Catherine Schwab, conservateur en charge des collections du paléolithique et du mésolithique.
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