Il paraît qu’il fait chaud. Remarquez, en été, on pouvait s’y attendre, tout comme il n’est pas rare non plus qu’il puisse faire froid en hiver. Mais, à chaque saison, les mêmes émerveillements d’enfants du gouvernement. Sans oublier ceux des médias : telle température, hivernale comme estivale, serait immanquablement « historique ». Facile : il suffit d’aller chercher dans les archives de Météo France et on trouvera toujours un 2 juillet plus caniculaire – ou pluvieux – qu’un autre 2 juillet. En plus de mille ans d’histoire, il y en a eu un paquet, de 2 juillet, en France.
Ce qui, en revanche, aurait une portée véritablement historique, ça serait aussi qu’on arrête enfin de nous prendre pour des andouilles. Genre : il fait chaud, il faut boire de l’eau. Sandec ? Dans le même registre, même le plus distrait des observateurs aura tout de même remarqué que lorsqu’il pleut, les Français ont plus tendance à sortir avec un parapluie qu’un bob Ricard, apéritif anisé qui supporte lui aussi très bien l’eau, surtout par temps de grande chaleur, et plus encore lorsque agrémenté des cinq fruits et légumes quotidiens qui nous sont préconisés à longueur de journée : tenez, des olives, avec le pastaga, le mélange est idéal.
Toujours dans le même registre météorologique, les trains. Pas ceux qui nous emmenaient naguère dans le lointain, ambiance Orient-Express avec Agatha Christie. Mais ceux censés tout bêtement nous permettre d’aller travailler le matin et d’ensuite rentrer le soir chez soi, pour ceux qui ont la chance de ne pas être au chômage. Ces trains réservés aux « usagers », comme on dit, sont de plus en plus dignes d’un pays du Tiers-Monde – prendre le RER à Massy-Palaiseau a de quoi vous faire regretter les tramways de Sarajevo.
Si l’on résume, et hors temps de grève, par grand froid, les rails se rétractent ; donc le bidule reste à quai. Par grand chaud, les rails, farceurs comme à l’accoutumée, se dilatent et le même bidule ne démarre pas non plus. Pour tout arranger, la climatisation fonctionne quand elle a le temps – trop froid, ça chauffe dans la boite à fusibles, trop chaud, on imagine que ça doit geler. Autrefois, on avait encore le droit d’ouvrir les fenêtres. Plus maintenant. C’est pour notre sécurité, dit-on ; des fois qu’un « usager », poussé à bout, se jette sur les voies…
Tout cela pourrait être à la limite rigolo, s’il ne s’agissait, faute de mieux, de l’obligatoire moyen de transport de tant de nos compatriotes. Pis, ce délabrement des services publics, pourtant financés par des impôts de plus en plus insupportables, est le triste pendant d’autres formes de trains. Des TGV bientôt supersoniques qui nous feront du Paris-Francfort en moins de vingt minutes… Et des tortillards à bout de souffle, dévolus à des Français de plus en plus prolétarisés qui, eux, devront patienter plus d’une heure durant, avant d’entrer dans des wagons vétustes et ornés de tags, sans toujours savoir quand ils auront le droit d’en sortir.
Il paraît que tout ça, c’est la faute de la météo.