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En France, jusqu’à la Première Guerre mondiale, la séparation des hommes et des femmes sur la plage reste une règle. En 1907, alors que les femmes se baignent dans des costumes de six pièces minimum, la championne olympique de natation Annette Kellerman est accusée d’outrage aux bonnes moeurs pour avoir adopté un une-pièce recouvrant pourtant tout le corps. Vêtement le plus intime de la garde-robe exposée, qui diffère de la lingerie par le seul choix des matières, le maillot de bain reste le plus révélateur du rapport au corps féminin Le 30 avril 1946 les Etats-Unis procèdent à un premier essai à Bikini, Atoll de l’archipel des Marshall, puis à un second au même endroit, le 24 juillet 1946.
Le lancement du Bikini créera un véritable raz de marée de protestations. Les autorités italiennes, espagnoles et belges l’interdisent et en France le maire de Biarritz aura recours à un décret municipale pour le bannir. En 1947, on fonde même une association anti-bikini à Rio de Janeiro ! Pour la Vatican c’est une invention du diable, on verra une article de l’Osservatore Romano affirmer que les chevaliers de l’Apocalypse apparaîtraient sans doute en bikini. Pour Madame Thorez, épouse du Secrétaire général du parti communiste, cette mode bourgeoise humilie la classe ouvrière car le prix du bikini correspond au tiers du salaire d’une dactylographe : « Tout le monde ne peut avoir un Réard« , proclamait d’ailleurs la publicité. En 1950 la princesse Margaret défraie la chronique en bikini sur le yacht d’un magnat, aux abords de la Costa del Sol.Les bikinis sont interdits au concours de Miss Monde. On craint que le maillot ne donne un avantage injuste aux concurrentes qui osent l’enfiler. Les magazines féminins allemands et français le mettent à l’index jusqu’à la fin desannées 50 : « Nous savons que nos lectrices dénigrent le bikini, qui a transformé certaines côtes de nos régions en coulisses de comédies musicales et qui de plus n’embellit pas la femme« , écrit encore Vogue en 1951. Symbole d’émancipation pour les uns, de réification de la femme pour les autres, il s’adapte à tous les rôles. Hollywood saura l’exploiter à merveille. Les « bathing beauties » rentrent en scène avec Esther Williams, la pin-up de calendrier Betty Page, ou Marilyn Monroe qui pose en 1948 pour la marque de maillots Jantzen (ce qui n’empêchera pas l’Amérique puritaine de ne le tolérer sur les plages familiales qu’au début des années 1960). Ce n’est que vers le milieu des années 1950 que le bikini refait vraiment surface.
Adopté par les stars de cinéma, il devient synonyme de séduction et de sexappeal. Le bikini participe ainsi au façonnage de l’imaginaire fantasmatique du sex-symbol. En 1953, la reine d’Hollywood, Marilyn Monroe, s’affiche en bikini dans : « Les hommes préfèrent les blondes » de Howard hawks, de l’autre côté de l’Atlantique une starlette surnommée BB, initiales de Brigitte Bardot, fait sensation sur la Croisette aux premiers jours du Festival de Cannes, en arborant un bikini. Il adopte des motifs et des matières insolites qui tentent de retenir l’attention : l’actrice Diana Dors fait une apparition au festival de Venise en 1955, vêtue d’un maillot de bain vison, tandis que Jane Mansfield affiche des maillots peau de bête. Mais à l’époque, le bikini n’est porté que par des starlettes ou des pin-up. En 1957, le bikini devient populaire en France grâce au film « Et Dieu créa la femme » avec Brigitte Bardot (qui avait déja tourné en 1952 « Marina la fille sans voiles » de Willy Rozier avec Howard Vernon ou elle faisait déja un abondant usage du bikini) dans lequel elle le portait en toile vichy. Beaucoup de jeunes filles françaises voulurent l’imiter. A l’été 1959, certains magazines féminins reviennent sur leur premier jugement et en ont font le « vêtement de la saison » (Vogue). La découverte d’un nouveau matériau, le lycra permet également le retour en force du bikini. Au début des années 1960, on voit encore peu de bikinis dans les lieux publics.Le chanteur pop Brian Hyland chante « Itsy Bitsy Teenie Weenie Yellow Polka Dot Bikini« , qui sera repris en France par Dalida et Richard Anthony.
« Itsy Bitsy petit bikini » est un tube et contribue certainement à relancer le produit tout en traduisant très bien l’esprit de l’époque : « Sur une plage il y avait une belle fille qui avait peur d’aller prendre son bain. Elle craignait de quitter sa cabine. Elle tremblait de montrer au voisin… Un, deux, trois, elle tremblait de montrer quoi ? Son petit itsi bitsi tini ouini tout petit petit bikini qu’elle mettait pour la première fois. Un itsi bitsi tini ouini tout petit petit bikini, un bikini rouge et jaune à p’tits pois. Un deux trois voilà ce qui arriva… » (paroles française d’André Salvet). Le sulfureux maillot commence à rentrer dans les moeurs malgré la désapprobation des parents. En 1962, Ursula Andress fera faire un bond de géant, au maillot, grâce au film Dr No.
Elle sort de l’eau habillée d’un deux-pièces blanc, un poignard accroché à une ceinture et deux coquillages dans les mains. Cette scène culte contribue autant à la célébrité du maillot de bain qu’à celle de l’actrice. Pour la petite histoire Le célèbre bikini porté par Ursula Andress dans le film James Bond contre Dr No a trouvé preneur pour 41.125 livres lors d’une vente aux enchères de Christie’s à Londres, il a été acquis par Robert Earl, le co-fondateur des restaurants Planet Hollywood. Au Brésil Le tube « Garota de Ipanema« , « La fille d’Ipanema« ,chanson en hommage à une jeune fille de 15 ans adepte du bikini, Helôísa Eneida Pinto, qui débute ensuite une carrière de mannequin et de reine de beauté, fait du bikini l’uniforme obligatoire sur les plages de Rio En 1963 apparaissent les premiers monokinis, sur la plage de Pampelonne. A partir de 1964, c’est l’affrontement entre les « serviteurs » de la morale publique et de l’ordre et les porteuses de monokini. En 1965, le monokini se répand un peu partout sur les plages de France et d’Europe. La même année le magazine Marie Claire consacre le bikini avec un reportage réalisé pour la première fois en plein air, envoyant ses photographes aux Bahamas, à la Martinique (retour vers ces îles qu’évoquait le mot « Bikini« ). Cette année 1965 on voit aussi apparaître l’utilisation publicitaire du monokini, le mannequin Tony Lee Shelley pose sur les rives du lac Michigan, seins nus, pour faire la promotion des produits coiffants Vidal Sassoon. Si le nom de son inventeur est tombé dans l’oubli, la société Réard a fermé ses portes en 1988 , le bikini est devenu un nom générique pour désigner les maillots deux-pièces. merci//Gatsby
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