Tribune Libre :Avec Mme Hidalgo, Paris bientôt livré aux… pousse-pousse !

Lors de son voyage en Chine, Manuel Valls s’est peut-être renseigné en douce — pour aider sa copine Hidalgo à se débarrasser de ces pollueurs que sont les cars, les camions de livraison et les bus de la… RATP — sur la fourniture, à la ville de Paris, de ces véhicules à deux roues nés au Japon fin XIXe siècle. Si écolos puisque mus uniquement par un homme ! Et tellement « goût de revenez-y » pour bobos ex-maoïstes…

Ne sera-ce pas « very exciting », pour les millions d’étrangers, de se faire conduire dans Paris en pousse-pousse ? Pour aller au musée du Louvre (9.500.000 visiteurs/an), à deux touristes par voyage, cela fera 4.750.000 allers (au musée) et autant de retours (à l’hôtel) ! Même perspective encourageante pour la tour Eiffel (6.300.000 allers et retours) ou pour se rendre au Centre Pompidou ou au musée d’Orsay (3.600.000) ou encore faire le tour de l’Arc de Triomphe (1.700.000) !

Même joie écolo pour les millions d’usagers des bus de la RATP ! Car, pour son plan « Bus propres », la régie parisienne n’a pas du tout prévu une échéance au 1er juillet prochain ! Mais plutôt au 1er juillet… dans 10 ans ! En 2025, exactement… Quels véhicules la RATP va-t-elle donc bien pouvoir faire circuler dans Paris en attendant ? Eh bien ! Des pousse-pousse, naturellement !

D’autant que tout cela sera bon pour l’emploi, avec la création de postes de… « pousse-pousseurs » et — parité oblige — de « pousse-pousseuses » ! Des milliers, des dizaines de milliers ! Imaginez : actuellement, pour transporter des dizaines de voyageurs, il n’y a dans chaque car de touristes ou bus de la RATP qu’un seul et malheureux chauffeur. Avec des pousse-pousse, il faudra un « pousse-pousseur » ou « seuse » pour un ou deux voyageurs ! Là où il ne faut qu’un seul conducteur, il en faudra 20, 40 voire plus aux heures de pointe ou lors d’afflux touristiques !

Autre secteur porteur — si l’on peut dire — en matière de création d’emplois : les livraisons commerciales ! Certes, si pour les épiceries, ce sera facile, pour les revendeurs de gros électroménagers ou les fournisseurs de fuel, ce sera plus problématique, car ne pourront plus circuler dans la capitale que des… triporteurs à pédales ! À 100 kg par voyage, là aussi, cela créera des emplois, des milliers d’emplois, et des emplois où, en outre, notre « cher » permis de conduire auto ne sera plus nécessaire !

Après ces lignes dignes d’être publiées un 1er avril, reconnaissons que la décision de Mme Hidalgo est louable si l’on s’en tient à la raison invoquée — la dangerosité des particules fines —, mais n’est-elle pas un brin précipitée ? Et où stationneront les cars de touristes ? Ce sera aux communes voisines — qu’elle n’a pas consultées — de régler les conséquences de sa décision…