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Tribune libre : la saga Dieudonné

Le Système en pleine hystérie dieudonnesque, et son contexte

 – On ne peut faire qu’un résumé incomplet de la saga Dieudonné. Un seul article n’y suffirait pas.

A bien des égards, l’état de transes dans lequel est plongé le Système rappelle l’entre-deux tours de la présidentielle de 2002, marquée par l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour. L’élimination de Lionel Jospin et l’application de la dure « discipline républicaine » qui forçait la « gauche plurielle » à appeler à voter pour l’« escroc Chirac » (sic) contre le « facho Le Pen » (resic) constituèrent pour cette dernière un indicible traumatisme. A l’époque, la mise en résonance hystérique de l’opinion publique avait été un jeu d’enfant. Le redoutable savoir-faire de l’ensemble de la classe politico-médiatique en la matière était en effet grandement aidé par le fait que l’Internet jouait un rôle très marginal dans une réinfosphère quasiment inexistante. Le nombre cumulé de lecteurs de Rivarol, Minute, National Hebdo et autre Présent ne dépassait pas quelques dizaines de milliers. Avec l’Internet et l’irruption d’une très puissante réinfosphère — que l’on songe par exemple à FdeSouche, l’un des principaux blogs politiques francophones avec plus de 100.000 visiteurs uniques par jour, ou à Novopress — la donne a totalement changé. On ne trompe pas le bon peuple aussi facilement qu’il y a treize ans, et les internautes ne sont pas dupes, qui rejettent massivement l’interdiction des spectacles de Dieudonné.

 

Durant ces treize dernières années, la politique de substitution de population menée par l’ensemble des partis du Système a fait rentrer dans notre pays quelque deux millions cinq cent mille immigrés, essentiellement musulmans. A un antisémitisme de plume, cantonné à quelques revues confidentielles qualifiées d’« extrême-droite », s’est substitué un antisémitisme en acte fortement ancré dans les banlieues de l’immigration. L’homme par qui le scandale arrive n’est plus un Jean-Marie Le Pen, prototype du mâle blanc catholique et hétérosexuel, mais un Dieudonné, certes mâle et hétérosexuel, mais métis et pas franchement catholique. Un Dieudonné qui à ses débuts n’était d’ailleurs qu’un gentil pantin du Système, dont les seules cibles étaient les cathos et patriotes blancs. Ce qui n’était pas pour déplaire au Système, bien au contraire, et à l’époque on aurait eu du mal à trouver le moindre Valls (photo en Une) pour interdire ses spectacles. Mais il n’est pas inutile de rappeler comment Dieudonné à évolué.

Le Système en pleine hystérie dieudonnesque, et son contexte

De 1990 à 1997, Dieudomé et son compère Elie Semoun (photo) font rire la France bien‑pensante en crachant de conserve sur les cathos. Lors des législatives de 97, c’est tout naturellement que Dieudonné s’engage en politique à Dreux pour s’opposer à la candidate du Front national, Marie-France Stirbois, dont on salue ici la mémoire. Tout allait donc pour le mieux pour notre humoriste lorsqu’un différend financier surgit entre les deux acolytes, qui se séparent. A toute chose malheur est bon car Dieudo commence alors à réfléchir. En 2000, il veut tourner un film sur la traite négrière mais le Centre National du Cinéma lui refusera toute aide. Dieudonné pense alors qu’il n’est pas question de faire dans la concurrence victimaire, les juifs jouissant pour l’éternité du monopole de la souffrance humaine : « Pour moi, les juifs, c’est une secte, une escroquerie. C’est une des plus graves parce que c’est la première » déclarera‑t‑il, très dépité, en 2002 au magazine Lyon Mag. Depuis lors, la carrière de l’humoriste “qui‑ne‑fait‑plus‑rire‑personne”, va de dérapages “nauséabonds” en dérapages “nauséabonds”.

L’épisode de l’interdiction du spectacle de Dieudonné à Nantes le jeudi 9 janvier restera un cas d’école. La circulaire Valls du lundi 6 janvier dernier enjoint aux préfets « de rappeler à [chaque maire] les conditions d’interdiction des spectacles en cause, de l’assister dans la conception et la mise en œuvre lorsqu’[il] vous sollicite et, le cas échéant, de vous substituer à [lui] lorsque vous estimez que les conditions d’une interdiction sont réunies ». Cette circulaire se termine par une menace explicite : « Vous rendrez compte sans délai, à mon cabinet et au cabinet du secrétaire général du ministère des décisions et actions intervenues au titre de la présente circulaire ». En clair : « Camarade Préfet, si tu tiens à ta casquette, tu as intérêt à te bouger les fesses ». C’est donc tout naturellement que, dans un arrêté en date du mardi 7 janvier, le préfet de Loire-Atlantique a courageusement interdit le spectacle que l’humoriste devait donner à Nantes le jeudi suivant, 9 janvier.

Coup de théâtre : ce même jeudi 9 janvier, à 14 h 20, le tribunal administratif de Nantes suspend l’arrêté du préfet, autorisant ainsi le spectacle de Dieudonné. Une demi-heure plus tard, Valls saisit le Conseil d’Etat, lequel, dans une ordonnance prononcée à 18 h 40 le même jour, par Bernard Stirn, juge des référés, valide l’interdiction préfectorale. Le Conseil d’Etat a choisi de retenir l’« Atteinte à la dignité humaine », un motif fourre-tout déjà utilisé lors de la désormais célèbre interdiction d’un spectacle de lancer de nains à Morsang‑sur‑Orge, en 1995, mais aussi, en janvier 2007, pour interdire les fameuses soupes au cochon organisées à Paris par l’association SDF Solidarité des Français. La décision du Conseil d’Etat fera jurisprudence et contraindra l’ensemble des tribunaux administratifs à abonder dans le sens du ministre.

Pour le président de la Ligue des droits de l’Homme, Pierre Tartakowsky, cette décision instaure un « Cadre juridique lourd de conséquences pour la liberté d’expression ». Pierre Tartakowsky s’est par ailleurs dit « Un peu surpris (sic) que le Conseil d’Etat puisse se réunir en moins de trois heures et prendre une décision sur quelque chose d’aussi important ». Pour l’avocat et blogueur Maître Eolas « Nous sommes maintenant dans un régime préventif de la liberté d’expression, et c’est une boîte de Pandore qui est ouverte. Dans son ordonnance, le Conseil d’Etat souligne que « l’exercice de la liberté d’expression est une condition de la démocratie ». Et quelques lignes plus loin, il commet un attentat contre cette liberté d’expression. […] Les voies de recours internes sont épuisées, mais les avocats de Dieudonné ont six mois pour saisir la Cour européenne des droits de l’homme. Et la décision du Conseil d’Etat ne tiendra pas. » Et l’avocat de conclure : « La France est déjà classée 3e pour les atteintes à la liberté d’expression, avec 25 condamnations, devant la Russie. Elle [la Russie] n’est pas près de nous rattraper… »

Rappelons que le gouvernement qui manipule ainsi à sa guise le Conseil d’état est celui-là même qui détient l’ensemble des pouvoirs politiques et métapolitiques du pays : Elysée, Matignon, Assemblée nationale, Sénat, conseils régionaux, conseils généraux, grandes villes, magistrature, médias, éducation nationale, syndicats, lobbies antiracistes, showbiz, etc. C’est aussi celui qui vient de faire voter la Loi de Programmation Militaire dont l’article 20 autorise rien moins que la capture en temps réel et sur simple demande administrative, et donc sans aucun mandat judiciaire, de toutes les informations, durée, dates, coordonnées, adresses IP, numéros de téléphones, conversations et documents échangés sur le net et sur les réseaux sociaux. Dieudonné a contraint le régime à révéler sa nature dictatoriale, et c’est assurément la plus belle « quenelle » que l’humoriste pouvait lui mettre.

Spectacles interdits également ailleurs, Dieudonné appelle à manifester place de la Bastille, le 26 janvier prochain, pour le « Jour de Colère ». Décidément le jour de tous les dangers pour un Système aux abois.

source : Novopressinfo

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