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Tribune libre :Les footballeurs taxés à 75 % : c’est constitutionnellement impossible !

François Hollande, le rétropédalage saison 3 ? 4 ? 5 ? Oubliez les chronomètres : le champion de la discipline est tellement rapide qu’on n’est jamais très sûr d’avoir loupé un épisode…

Il y a eu la taxe sur l’EBE, sur l’épargne, l’écotaxe, d’autres peut-être encore qui nous ont échappé, ayant été supprimées avant même qu’annoncées…

La taxe de la fin de la semaine est celle des 75 % sur les plus hauts revenus. Sur tous les plus hauts revenus. « Je vous confirme que nous ne reviendrons pas sur le principe d’une taxe à 75 %, qui s’applique également aux joueurs de foot, comme à tous ceux qui perçoivent une rémunération (annuelle) supérieure à un million d’euros », a déclaré la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.

Allons donc… Les patrons des clubs de football avaient rendez-vous hier avec l’intéressé pour un cours de rattrapage de droit constitutionnel.

Officiellement, ils venaient pleurer tant et plus sur leur perte cumulée de 108 millions d’euros en 2011/12 pour les deux divisions (L1 et L2), sur l’éventuel dépôt de bilan de certains clubs – comme celui de Martine Aubry, à Lille – et geindre sur la concurrence avec les rivaux européens ; mais ça, c’était pour la galerie, calmer les 67 % de Français qui estiment que ce n’est pas aux clubs de payer la taxe à 75 % mais aux joueurs, et tranquilliser les supporters, agacés depuis l’annonce de la « journée blanche », sans matchs de L1 et L2, du vendredi 29 novembre au lundi
2 décembre inclus ; soit un vilain remake de la fameuse grève des Bleus à Knysna, lors du Mondial 2010.

Non, l’argument choc des patrons de clubs de foot, c’est tout bonnement que la taxe annoncée n’est tout simplement pas envisageable, d’un seul point de vue légal…

« Les entreprises du foot sont différentes des autres. Nous sommes tous sur des CDD et non des CDI », a déjà expliqué sur France 2 le président de l’UCPF (le syndicat des clubs professionnels). « La rétroactivité pose un vrai problème par rapport à nos contrats. On ne peut pas bouger ces contrats (à la différence des CDI). »

Le véritable problème, c’est le moins qu’on puisse dire, et d’ailleurs, tout est dit, c’est qu’en France, les lois rétroactives sont tout bonnement anticonstitutionnelles, sauf concernant les crimes contre l’humanité…

À tout prendre, les hauts revenus annuels d’environ 120 joueurs des 14 clubs concernés (16,2 millions pour Zlatan Ibrahimović, 6 millions pour Yoann Gourcuff ou 4,2 pour André-Pierre Gignac, les trois têtes d’affiche du podium doré) sont à l’évidence criminels contre la décence, la raison ou la noblesse du sport (comme on l’entendra), mais de là à envisager le crime contre l’humanité, n’exagérons pas ! Même un socialiste ne le peut pas !

Allez, s’il faut être solidaire, les footballeurs aussi veulent bien y aller de leur aumône dorée, mais au pire, on verra ça l’année prochaine avec les nouveaux contrats… et d’ici là, hein ? Il en aura roulé des ballons ronds… et coulé de l’oseille, mais pas pour Bercy !

Apprêtons-nous donc à assister au désespoir d’un gouvernement qui « aurait bien voulu, mais n’a point pu » et dont tout un chacun pourra estimer – grâce à une Constitution bien utile tout de même – le soulagement de s’être sorti d’un guêpier de plus !

C’est qu’il serait un peu trop tôt pour exhiber de nouveaux otages libérés. Deux fois dans la semaine, même en Hollandie avancée, ça ne passerait pas !

Bon, après, François Hollande peut encore jurer sur la tête de sa mère de reculer sur les textes votés par sa majorité ; dans le genre, Jean-Louis Borloo peut aussi prêter serment de se mettre à l’eau… Merveilles de notre régime où l’improbable devient tôt ou tard possible !

Philippe Randa
Écrivain et éditeur

 


source -Boulevard Voltaire

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