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LIRE :L’été des jouets morts De Toni Hill

L’auteur, malgré les apparences trompeuses, n’a strictement rien à voir avec le héros impuissant des romans de Val McDermid. Ce dernier se prénomme aussi Tony, mais avec un « y », et Hill comme notre auteur hispanique. Le héros du récit se nomme Hector, un flic de Barcelone mais de nationalité argentine.

Comme beaucoup de Sud-américains, il a plutôt le sang chaud et quand une histoire lui fout les boules, il ne se retient pas pour coller un pain dans la tronche d’un proxo. C’est justement ce genre de bricole qui lui vaut une mise à pied sans les félicitations de sa hiérarchie. Pourtant le commissaire principal qui ne franchit jamais la ligne jaune ne désapprouve pas radicalement le geste d’Hector et décide de lui filer une affaire de suicide d’ado.

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, son avertissement coïncide, son épouse le quitte pour aller vivre avec une femme. Beaucoup d’hommes dans ce cas perdent un peu les pédales mais Hector vit cette situation sereinement et retrouve vite ses habitudes domestiques de célibataires et cet œil toujours aux aguets quand une femme de caractère croise son chemin.

La seule personne à penser qu’il s’agit d’un suicide, c’est la propre mère du garçon. Elle vit depuis longtemps à Paris mais revient à Barcelona quand elle est apprend la mort de son unique rejeton. Avant de se lancer dans l’enquête, Hector s’accorde un petit moment de détente en cassant une graine dans un petit resto de quartier où pour 11 euros, il a droit à une salade fanée, une seiche baignant dans l’huile et pour finir une macédoine de fruits anémique.

Quand il longe la plage, il ne peut s’empêcher de railler la population qui la fréquente, « bronzage intense, nichons valseurs et abdominaux de salle de sport ». Il traverse le quartier de Sarrià très différent de celui plutôt huppé de Crácia. Dans un esprit de pure camaraderie, il fornique ave Joana, la maman de l’adolescent défenestré. Ils partagent aussi quelques verres de « cava », un vin mousseux catalan. De retour chez lui, il retrouve dans son frigo quelques bières, une carafe de gaspacho, son lit défait, une valise toujours ouverte qui traine dans un coin.

Cet intérieur de célibataire ou de mec séparé ne lui porte pas sur le caractère et il mène son enquête de main de maître pour découvrir bien des noirceurs autour de ce crime déguisé en suicide. Pour se détendre, il court jusqu’à la Tour Agbar, « celle qui est bleue et rouge comme à Tokyo ».

Il s’agit d’un premier roman très réussi avec un style enlevé et une histoire originale. Dommage que dans ses remerciements, il ne mentionne pas Flammarion qui vient de lui ouvrir les portes de l’immense marché français avec un petit peu de Belgique et de Suisse.

Un thriller catalan, plein de vie et superbe ! DDDDD

 

400 pages, Flammarion, 21,00 €

Format 14,5X22,2 cm. Broché

Dominique LE FUR

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