Lire : JUSTE UN BAISER de DENIS TILLINAC

Des existences et des passions.

Avec Denis Tillinac, ça commence toujours avec des femmes et ça s’achève inévitablement avec des femmes – qui ne sont pas nécessairement les mêmes qu’au départ.

Dix-huit nouvelles, autant de destinées sentimentales, souvent charmantes, parfois cruelles, toujours savoureuses … Un subtil jeu de baisers dans un parc, un Archange Blond assassiné par dépit sentimental, un marron servant de jalon à une histoire romantique, un amour cristallin contrarié par les affres de la guerre, une étrange et troublante esclave, une inconnue victime du manichéisme populacier, un voyeur professionnel, un amour coloré en Afrique du sud, un politicien obnubilé par son reflet, une jeune femme presque modèle qui s’offre à un inconnu, un viol commis par un homme d’influence important, une femme parfaite obnubilée par son reflet, une famille recomposée, un président de la république qui largue tout pour retrouver une vie normale, le doux souvenir d’un amour impossible, un couple ordinaire fuyant la Riviera, le rendez-vous annuel et délicieux d’un homme avec sa… violeuse, l’épouse d’un homme en vue à la recherche du bonheur…

On retrouve, à travers la diversité des récits, la plupart des thèmes chers à Denis Tillinac : l’amour et l’amitié amoureuse, le désir, l’attente et le doute, la passion incandescente, les femmes et la fragilité des sentiments… Seul le sport (évoqué rapidement dans « L’Archange Blond ») est, pour cette fois, aux abonnés absents de ce nouveau recueil !

Tillinac conte avec justesse les élans du cœur soumis aux influences des époques, des milieux sociaux (dont les méandres d’une certaine bourgeoisie) et celles du poids des convenances et des apparences. On retrouve, surtout, dans la plupart des nouvelles, l’importance des lieux (l’île Saint-Louis, La Baule, La Rochelle, le Loiret, Avignon, Cahors… et plein de villes finissant en « ac »).

Le thème de la fuite, victorieuse, fantasmée, impossible ou dévastatrice constitue l’un des fils conducteurs du nouveau Tillinac. L’ensemble est empreint d’une discrète nostalgie et de petites touches d’ironie distillées, là-aussi, avec parcimonie.

Un ouvrage agréable et plaisant, recélant au surplus une remarquable étude de caractères.

« Juste un baiser » ? Juste un bon livre !

Arnaud Robert.